Au 24 mars, quelle est la situation à la Réunion ?

La situation est actuellement en train de flamber avec l’arrivée du variant sud africain à plus de 75%. Initialement les patients COVID étaient transférés en réanimation via EVASAN de Mayotte mais c’est en train de fléchir à Mayotte, nous avons moins d’importations du coup. À présent c’est une répartition autochtone du virus que nous avons sur l’île de la Réunion.
Nous n’avons pas prévu de re-confinement mais nous avons un couvre feu à 18h, comme en métropole.
Concernant les capacités hospitalières, la réanimation n'est pas encore débordée. En mars 2020, les patients COVID étaient pris en charge sur le site Nord du CHU ce qui avait nécessité de prendre les 20 lits de gériatrie du Nord pour les transformer en lits COVID ;  le service gériatrie avait ainsi sauté mais ce n’est plus le cas désormais.
Il faut par ailleurs savoir que la prévalence de diabète est 2 fois plus importante à la Réunion qu'en métropole et qu’ici nous sommes vieux plus tôt et en moins bonne santé – la population âgée est fragile plus tôt. Nous avons donc une population âgée qui est plus vulnérable. Ceci étant, l’épidémie s’est propagée moins violemment qu’en métropole car nous vivons dehors et parce que nous avons peu de transports en commun.

 

Quelle est l’attitude adoptée aujourd’hui ?

Nous avons le projet d’ouvrir une unité COVID gériatrique mais pas pour tout de suite car il y a encore de la place dans les 2 autres hôpitaux. Si d'ici 15 jours nous sommes débordés, nous serons prêts à générer des unités COVID.
Dans la réalité nous venons d'avoir un cluster COVID dans notre service – ces patients ont dû avoir une PCR négative pour être admis, qui s’est positivée secondairement… Nous avons généré en quelque sorte un cluster avec 4 patients et 6 soignants contaminés.
Aujourd’hui nous sommes en train de nettoyer le service, il y a encore deux patients gériatriques très fatigués. Mais nous nous sommes aperçus que les soins gérontologiques étaient plus précieux que les soins contre la COVID. Ce serait donc plus opportun que les COVID âgés soient traités en unités gériatriques.
Malgré tout cela j’ai le sentiment que l’on n'est pas débordé à la hauteur de ce que je pensais. Les gens sont disciplinés – même si les arrivées de métropole sont problématiques, notamment pendant les vacances scolaires. Mais malgré tout, cela n'a pas flambé aussi vite que craint.

 

Quelle est la place de la gériatrie aujourd’hui dans les hôpitaux de la Réunion ?

On nous écoute d'autant plus qu'on a besoin de nous !
Dans les unités COVID, les professionnels de santé se rendent bien compte qu'ils ne savent pas toujours faire avec un patient qui présente des débuts de troubles cognitifs, qui souffre de plusieurs comorbidités, etc. Ce qui nous aide peut-être c'est que dans notre CHU Sud, le service gériatrie dispose de bientôt 80 lits, ce qui fait que nous sommes presque plus gros qu'eux.
On peut dire qu’il y a un vrai respect du service rendu de la gériatrie et particulièrement dans ces circonstances.

 

Et qu'en est-il du personnel soignant ?

Il y a eu une énorme crainte des soignants de la COVID avant qu’elle n’arrive chez nous.
Aujourd’hui on peut dire que tout le monde a « goûté » au COVID ; mais avant, tout le monde en avait peur. Du coup on s'est archi protégé et cela a fonctionné. Maintenant qu'on y est on se rend compte aussi que notre crainte principale est qu'on n'a pas les mêmes moyens.
Tout le monde avait la crainte du premier patient COVID, mais c'est vraisemblablement un soignant qui a amené le premier cas COVID à l’hôpital!  Du coup on a vécu un revirement de situation : de 1% des soignants qui étaient vaccinés à maintenant où ils sont quasiment tous en cours de vaccination.

 

Allez plus loin :
- Consultez le site de la Société de Gériatrie et de Gérontologie de l'Île de la Réunion (SGGIR)
- Consultez l'article "COVID-19 : point sur la situation en Martinique et en Guadeloupe"
- Consultez l'espace "Actualités COVID-19" de la SFGG