Les 39e Journées Annuelles se sont ouvertes ce lundi 25 novembre par la présentation du Manifeste des gériatres en 15 mesures par le Pr Claude Jeandel, président du CNP et la remise du prix Chaffoteaux, en partenariat avec la Fondation de France, qui a couronné 4 travaux de recherche sur le vieillissement.

 

Voici la 4e année que la Fondation de France et la Société Française de Gériatrie et Gérontologie ont fait alliance pour valoriser et encourager des travaux sur le vieillissement.
Claire Broussal, responsable Programmes et Fonds Individualisés de la Fondation de France était présente ce lundi matin pour remettre les 4 diplômes aux heureux lauréats :

  • Rabia Boulahssass (« Vers une meilleure prise en charge des patients âgés atteints de cancers solides »),
  • Thibault Vallet (« Développement d’un outil d’évaluation de l’acceptabilité des médicaments dans les populations vulnérables »),
  • Lorène Zohra (« Évaluation de l’impact d’un outil d’aide à la prescription des cumuls au long cours d’antithrombotiques oraux chez l’adulte »)
  • Sophie Dubnitskiy-Robin (« Influence de l’aide délivrée par les enfants sur l’adaptation du domicile des personnes âgées »).

 

 

Deux conférences inaugurales : Programme ICOPE de l’OMS pour Vieillir en bonne santé (Pr Bruno Vellas) et Rapport Métiers du Grand Âge (Myriam El Khomri)

 

Le Pr Bruno Vellas, chef du Gérontopole de Toulouse a animé la première conférence inaugurale de la matinée en présentant le programme ICOPE. Validé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il adopte pour la première fois une approche intégrée « Vieillir en santé, c’est désormais pouvoir continuer à faire ce qui est important pour chacun de nous ».

« Pendant longtemps les médecins généralistes se tournaient vers les gériatres quand ils ne pouvaient plus rien faire. Aujourd’hui il s’agit de faire entrer le gériatre de façon plus précoce dans le parcours de soin pour prévenir la dépendance et le maintien des capacités. Il faut à tout prix que la gériatrie relève le challenge de la prévention de la dépendance » a expliqué Bruno Vellas.

Comment ? « En faisant en sorte que la personne devienne partenaire elle-même de sa santé ». Ce n’est plus le médecin mais le sénior lui-même qui va mesurer ses fonctions. L’ICOPE Monitor est un outil auquel le patient âgé va être formé : après avoir identifié ses priorités personnelles, il s’agit de réaliser des évaluations (la première, d’une durée de 8mn sera réalisée par l’infirmière puis ensuite par le patient âgé formé à son utilisation). À chaque résultat les évaluations seront transmises au service qui pourra ainsi réagir rapidement en cas de mauvaise évolution des indicateurs (perte de poids, baisse de tension, etc.). Le dépistage précoce du risque de dépendance pourra ainsi permettre « de diminuer de 15 millions le nombre de personnes dépendantes d’ici 2025 ».

« ICOPE implique de savoir faire évoluer nos pratiques gériatriques » a-t-il conclu, « et il faut que la France prenne le leadership dans ce domaine ».

 

Téléchargez l’application WHO INCOPE

 

 

Myriam El Khomri, ancienne Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue Social est venue présenter le rapport « Rendre plus attractifs les métiers du grand âge » remis le 29 octobre dernier à Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé. La grande salle du Centre de Congrès de l’Hôtel Marriott de Paris n’a pas suffi à accueillir tous les participants venus l’écouter : il faut dire que son rapport a été autant attendu que salué – la SFGG, comme de nombreux institutions avait été auditionnée par ses soins.

« L’objectif du rapport a été de répondre à la crise actuelle et la baisse d’attractivité des métiers du grand âge » a-t-elle expliqué en introduction. « Nous avons fait un choix de centrer nos travaux sur deux métiers : celui d’aides soignants et celui d’accompagnants à domicile parce que nous n’avions que 4 mois. Nous sommes partis d’un constat avec un état d’esprit fait d’empathie vis-à-vis des professionnels ». 

Un rapport et des préconisations construits autour de 5 axes forts : assurer de meilleures conditions d’emploi et de rémunération (actuellement 7 conventions collectives et 70 certifications qui encadrent les métiers et 17% des intervenants à domicile sous le seuil de pauvreté), réduire la sinistralité (qui est supérieure à celle du bâtiment et travaux publics), moderniser les formations (d’ici 2024, 390 000 personnes à former), changer l’image des métiers, innover pour transformer les organisations et garantir la mobilisation des acteurs et des financements au niveau des territoires territoires.

« Nous avons eu à cœur, par ce rapport, de promouvoir et rétablir la qualité de service des bénéficiaires tout autant que la qualité de vie au travail des salariés. Nous sommes dans une sinistralité record qui est indigne de notre pays. (…) Il faut retrouver une certaine humanisation de ces métiers et ne plus avoir à choisir entre faire vite et faire bien. »

En guise de conclusion Myriam El Khomri s’est adressée à l’assemblée, gériatres et gérontologues en leur demandant leur soutien : « Je peux dire que je crois en l’engagement sincère de la Ministre de faire de cette loi une vraie loi de mobilisation de la société. Maintenant c’est à vous tous de jouer et de maintenir cette pression à tous les niveaux. Il vous faut soutenir ce rapport dans vos activités quotidiennes en réhumanisant les métiers et continuer à le défendre notamment dans le cadre des arbitrages budgétaires ».

 

Résultats enquête PUGG 2019 : une des plus grandes études sur la contention

L’enquête PUGG (Pratiques et Usages en Gériatrie et Gérontologie) portait cette année sur la contention. Initiée par les Prs Marc Verny, Olivier Drunat et Dominique Somme, cette enquête permet la présentation inédite de données sur la question - la contention n'ayant jamais jusqu'à présent fait l'objet d'une étude scientifique significative (voir l'article d'Hospimedia : "Barrières de lit et ceintures sont les modes de contention les plus utilisés")

Lire les premiers résultats

 

Deux anciens présidents de la SFGG à l’honneur pour promouvoir la discipline et encourager les innovations technologiques

Cette matinée s’est achevée avec la prise de parole de deux anciens présidents de la SFGG et deux gériatres « stars » : Françoise Forette et Alain Franco.

Françoise Forette qui voulait « devenir obstétricienne» et qui « a fini en gériatrie » et a, de son propre aveu et des ses propres mots, « pris son pied jusqu’à la fin de sa carrière car c’est un domaine dans lequel on peut travailler longtemps, peut-être jusqu’à la fin de sa vie ». Professeur de médecine, ancien chef du service de gériatrie à l'hôpital Broca à Paris, elle a créé et dirige ILC-France, une association dont le but est de promouvoir un vieillissement actif et en bonne santé et de sensibiliser aux questions soulevées par l'allongement de la vie.

« Pourquoi les jeunes médecins devraient s’intéresser à la gériatrie » a-t-elle demandé à l’assemblée ? Pour 7 raisons : parce que c’est une spécialité jeune, parce qu’elle permet une collaboration avec les autres, parce que c’est une spécialité aux métiers multiples et aux perspectives nombreuses, parce qu’elle est politique et fondée sur l’éthique et enfin parce qu’elle est super dynamique.

 

Professeur honoraire de Médecine Interne, Alain Franco est également un ancien président de la SFGG. Il a enseigné la gérontologie et la gériatrie et a démocratisé la gérontechnologie. Il a réalisé la plus grande partie de sa carrière au CHU et à la Faculté de Médecine de Grenoble où il a dirigé le Département de Gérontologie, le service d’Hospitalisation à Domicile et le Laboratoire LI2G.

« La gériatrie donne l’opportunité et la possibilité de se bagarrer et d’avancer, de se tourner vers le progrès » a-t-il lancé en exergue de son discours. « J’ai fait une thèse dans la technologie et l’ai insérée dans la pratique gériatrique. Il faut que la France se réconcilie avec les technologies. » Puis en s’adressant aux praticiens de l’assemblée : « il ne faut pas que vous ratiez votre vocation d’innovateur. Les gériatres sont par définition des innovateurs. Nous avons le talent de savoir faire discuter en inter-disciplinarité. Il faut que cela continue et aille encore plus loin ».

  

Rendez-vous demain pour de nouvelles aventures gériatriques et gérontologiques !

 

Allez plus loin :