Le 27 novembre dernier, lors des 44es Journées Annuelles de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie, l'Institut de la Longévité, des Vieillesses et du Vieillissement (ILVV) a organisé une session.

Cette session a réuni des experts pour discuter des variations du vieillissement à travers le monde, des inégalités sociales de santé et de l'accès aux soins.

Comment les dynamiques démographiques et les parcours façonnent-ils la santé aux grands âges ?

Emmanuelle Cambois, directrice de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined), a exposé les disparités du vieillissement à l'échelle mondiale. Elle a rappelé que l'espérance de vie continue d'augmenter, atteignant désormais 70 ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes dans de nombreuses régions. Cette évolution s’accompagne d’un vieillissement marqué par une population âgée plus instruite et financièrement stable, et vivant majoritairement en couple à domicile.

Les trajectoires de vie évoluent également : allongement des études, entrée plus tardive dans la vie de couple, diversification des parcours professionnels. Cependant, des inégalités persistent. Les femmes, bien que bénéficiant d’une espérance de vie plus longue, sont plus susceptibles de souffrir d'incapacités dues à des maladies chroniques non létales. En revanche, les hommes présentent une prévalence plus élevée de maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, les troubles musculo-squelettiques et anxio-dépressifs touchent particulièrement les femmes.

 

Comment l'environnement social influence-t-il les réponses biologiques et la santé au cours de la vie ?

Michelle Kelly-Irving, épidémiologiste et directrice de recherche à l'INSERM, a mis en lumière le gradient social de santé, démontrant l'impact des conditions socio-économiques sur la santé. Elle a expliqué que des facteurs tels que le tabagisme, la consommation d'alcool et l'activité physique expliquent environ 30 % de ce gradient. Des études ont montré que les personnes issues de milieux défavorisés présentent des niveaux plus élevés de biomarqueurs inflammatoires, tels que la protéine C-réactive (CRP), signe d'une inflammation chronique de bas grade. Cette inflammation est liée à une exposition accrue aux stresseurs environnementaux et sociaux, contribuant à des inégalités de santé systématiques.

Comment les contextes et les parcours de vie jouent-ils sur le rapport à la santé et le recours aux soins ?

Florence Jusot, professeure d'économie de la santé, a analysé les disparités d’accès aux soins selon les niveaux de revenu. Elle a souligné que, si 85 % des Français consulte un généraliste chaque année, seuls 55 % voient un spécialiste, avec des écarts significatifs en fonction des revenus. Les coûts élevés des consultations spécialisées et les restes à charge constituent des obstacles majeurs, particulièrement pour les personnes âgées souffrant de maladies chroniques. La couverture santé complémentaire joue également un rôle clé. Une proportion significative de la population renonce à des soins essentiels pour des raisons financières, exacerbant ainsi les inégalités d’accès.

Cette session de l’ILVV lors des JASFGG 2024 a mis en lumière la complexité du vieillissement, façonnée par des facteurs biologiques, sociaux et économiques. Comprendre ces dynamiques est essentiel pour élaborer des politiques publiques inclusives, visant à réduire les inégalités de santé et à promouvoir un vieillissement en bonne santé pour tous.