Retrouvez l’interview de Monsieur Dominique Somme dans laquelle il présente la session : « Expérience de la recherche interdisciplinaire pour la décision publique : retours sur l’expérience PRISMA France suivi de la phase expérimentale des « Maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer » (MAIA) lors de la journée gérontologique scientifique, le 26 novembre 2014, de 16h30 à 18h (JASFGG 2014).
Monsieur Dominique Somme est gériatre professeur à la faculté de médecine de l'université Rennes 1 et chef du service de médecine gériatrique au CHU de Rennes. Ses axes de recherche sont principalement marqués par l'ancrage en santé publique notamment dans les politiques publiques. Ses travaux portent sur l'organisation des soins et du système de réponse à la perte d'autonomie à domicile en France. Il a notamment été très investi dans le déploiement du plan national Alzheimer 2008-2012.
Monsieur Dominique Somme a invité les personnes suivantes à témoigner et à dialoguer durant cette session :
- Hélène Trouvé, PhD, Chef de projet du Groupement de recherche "Longévité et Vieillissements" Unité de Recherche sur le Vieillissement, Direction Statistiques, Prospective et Recherche, Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, Paris, France
- Frédéric Balard, PhD, Maitre de conférences Université de Lorraine, Nancy, France
- Catherine Périsset, MBA ; Equipe nationale MAIA, Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie, Paris, France
- Yves Couturier, M.s.s., Ph.D. Chercheur titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les pratiques professionnelles d'intégration de services en gérontologie, Centre de recherche sur le vieillissement, Centre de santé et des services sociaux-Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke 1036, rue Belvédère Sud, Sherbrooke, Québec, Canada
Pouvez-vous présenter en quelques mots la session « Expérience de la recherche interdisciplinaire pour la décision publique : retours sur l’expérience PRISMA France suivi de la phase expérimentale des MAIA » ?
La table ronde que nous proposons reviendra sur le vécu de différents acteurs durant l’expérimentation nationale intitulée « Projet et Recherches sur l’Intégration pour le Maintien de l’Autonomie en France » (PRISMA France) et sa déclinaison dans une politique nationale dans le cadre de la mesure 4 du Plan National Alzheimer 2008-2012 des « Maisons pour l’Autonomie et l’Intégration des Malades Alzheimer » (MAIA, dont l’acronyme est susceptible de ne plus signifier les mêmes termes dans un avenir proche).
A partir de ces expériences concrètes et donc de témoignages ancrés dans un vécu réel, l’objectif est de mettre en lumière les facteurs qui ont permis la mise en place d’une recherche interdisciplinaire soutenue et intense et son impact dans l’espace de la décision publique. La persistance de cet éventuel impact sera également questionnée et analysée pour permettre de mettre en évidence les fragilités éventuelles de la démarche. Les obstacles à la pratique de l’interdisciplinarité mais aussi de la diffusion des savoirs ainsi mobilisés, que ce soit dans le monde scientifique ou dans le monde de la décision publique, seront également discutés.
1. Pouvez-vous présenter brièvement les raisons pour lesquelles vous avez décidé de consacrer une session sur l'expérience de la recherche interdisciplinaire pour la décision publique?
Il est classique de constater que la décision publique en France dépend plus d'un jeu d'acteur, des décisions prises antérieurement (path dependency) et du jeu politique voire des opportunités ou à l'opinion publique mais rarement des résultats de recherche. Le statut de chercheur est assez souvent instrumentalisé pour permettre de justifier souvent a posteriori une décision déjà prise. Les sciences médicales sont particulièrement sujettes à cette instrumentalisation. Quant aux sciences humaines et sociales, elles sont plus volontiers délibérément ignorées car jugées trop complexes ou étiquetées comme étant "loin du terrain" au motif que les chercheurs sont assez rarement dans le même temps des praticiens (ce qui les différencie des chercheurs en sciences médicales). En revanche, la co-construction des savoirs par l'interdisciplinarité est assez rare et n'a que peu souvent été étudiée comme une modalité de dialogue avec les acteurs de la décision publique. Un programme de recherche original qui s'est déroulé entre 2005 et 2009 intitulé PRISMA France donnait l'occasion à distance des résultats et de leur usage de s'interroger sur les conditions et les conséquences de cette co-construction.
2. Pouvez-vous présenter les raisons qui vous ont amené à inviter des personnalités si différentes comme Hélène Trouvé, Frédéric Balard, Catherine Périsset et Yves Couturier?
C'est très simple, ils ont tous été impliqués à des dates différentes et dans des rôles très contrastés dans le programme PRISMA France et proviennent tous de champs disciplinaires différents. Hélène Trouvé est docteur en économie, Frédéric Balard est docteur en anthropologie, Catherine Périsset est titulaire d'un MBA (Master of Business Administration), et Yves Couturier est docteur en sciences sociales au Québec. L'aspect international du programme PRISMA France offre d'ailleurs l'opportunité d'interroger les différences dans les différentes configurations de disciplines en France et au Québec.
3. Quels sont selon vous les apports des SHS sur la question concernant la recherche interdisciplinaire et la décision publique?
Les SHS sont indispensables pour comprendre les conditions d'émergence de la co-construction du savoir et de la relation entre ce savoir et la décision publique.