Retrouvez l’interview de Marie-Christine Gely-Nargeot et Federico Palermiti dans laquelle ils présentent la session intitulée « Les aidants » lors de la journée gérontologique scientifique, le 26 novembre 2014, de 9h à 10h30 (JASFGG 2014)

Madame Marie-Christine Gély-Nargeot est Psychologue et Professeure de psychopathologie et de neuropsychologie du Vieillissement à l’Université de Montpellier 3. Monsieur Federico Palermiti est juriste et travaille en tant que chargé de mission à l’Association Monégasque pour la recherche sur la Maladie d’Alzheimer (AMPA, Monaco). Il est membre de l’Association Alzheimer Europe et coordinateur de la Mediterranean Alzheimer Alliance. Il est également membre du comité scientifique de l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA) et de la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG).

1. Pouvez-vous présenter brièvement les raisons pour lesquelles vous avez décidé de consacrer une session aux aidants ?

La session sur les aidants a pour objectif d’illustrer l'un des grands défis pluridisciplinaires contemporains face à la dépendance des personnes âgées. Elle se focalise sur les aidants, placés au cœur du dispositif de la prise en charge de leurs proches âgés dépendants. Les travaux antérieurs ont insisté sur la lourdeur de la tâche d'aide pour celui qui la dispense et combien il est nécessaire de les assister dans cette mission moderne. Toutefois, actuellement, la perspective d'aide s'envisage comme une expérience significative, voire une source de gratification pour l’aidant. Le décalage entre ces deux visions de l'aide ouvre l'espace de diverses réflexions éthiques, économiques mais aussi politiques. L’avancée des connaissances et des pratiques modifie ainsi constamment le regard que nous portons sur la problématique de l'aide. En retour, l'aide conduit à nous interroger sur nos conceptions mais aussi à reconsidérer nos approches de la dépendance. Les aidants sont au cœur d'une problématique contemporaine, évolutive, complexe, encore parfois méconnue par certains de ces aspects (i.e. économique). Voilà pourquoi nous avons souhaité y consacrer une session.

2. Pouvez-vous présenter les raisons qui vous ont amené à inviter des personnalités si différentes comme Marie-Eve Joël, Claude Jeandel,  Alain Bérard, Laëtitia NGatcha-Ribert ? Il faut savoir que vous-mêmes, Marie-Christine Gély-Nargeot, intervenez aussi à cette session.

Chacune de ces personnalités invitées est hautement reconnue par ses pairs dans son domaine singulier d’expertise. Votre question renvoie donc à interroger les raisons qui justifient d’envisager cette session selon un abord pluridisciplinaire (économie, gériatrie, sociologie, psychologie…). La thématique des aidants, du fait de sa complexité, ne peut être abordée par une seule de ces dimensions, elle se doit d’être contextualisée dans le carrefour des sciences biomédicales et des sciences humaines et sociales. Cependant, rares sont les lieux qui privilégient les échanges, les articulations, ou mieux facilitent la convergence de leurs apports. Cette session s’inscrit dans le souci d’une réelle conception intégrative, transdisciplinaire (au delà du pluridisciplinaire) de l’aidant. Cette démarche unifiante replace ainsi l’aidant dans sa valeur intrinsèque.

3. Quels sont selon vous les apports des SHS sur la question concernant l’étude des aidants ?

Le progrès des connaissances est essentiel pour répondre aux questions portées par l’homme et la société et mieux en comprendre les évolutions. Les SHS fournissent des outils, des méthodes qui leurs sont propres, de plus, dans leur dimension réflexive et critique, elles autorisent de nouveaux regards sur des connaissances considérées acquises. Concernant l’étude des aidants, elles sont à ce titre essentielles et occupent un rôle fondamental (dans les différentes acceptions du terme) pour :

  • Contribuer à la compréhension de phénomènes particuliers (i.e. la réticence des aidants à recourir aux services d’aide, via l’analyse psychologique de leur vécu ; la stigmatisation de l’aidant via l’analyse sociologique des représentations sociales ; …)
  • Faciliter des adaptations (i.e. changer le regard de la société et des politiques ; promouvoir de nouvelles mesures s’adaptant au polymorphisme de la demande ; …)
  • Accompagner des changements (i.e. consolider les droits des aidants encore en activité professionnelle ; …)
  • Donner lieu à des développements (i.e. décloisonnement des disciplines pour des réponses innovantes et davantage adaptées ; évolution de l’impact économique de l’offre de soins ; …)

Bref, les SHS ont à dire, elles devraient être davantage sollicitées, notamment par les pouvoirs publics.