Un homme et un médecin en tous points exemplaire.
Le Professeur Pierre Godeau né le 5 juin 1930 nous a quitté le 11 octobre 2018.
Pierre Godeau a dirigé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière le service de Médecine Interne de 1974 jusqu’à sa retraite en 1996.
Elève de Fred Siguier, le père en France des « Maladies vedettes », il a, à son tour, rayonné en formant une école de brillants internistes, dont son fils Bertrand Godeau.
Un médecin exemplaire, le premier d’entre nous et de loin.
Son approche médicale conjuguait une écoute attentive, un examen physique détaillé tout en sachant aller à l’essentiel, servie par des connaissances médicales encyclopédiques et une mémoire active de son expérience. La résultante en était un diagnostic sûr, solide souvent assorti de fulgurances qui font toute l’élégance d’un clinicien hors pair.
Ce savoir, et ce savoir-faire il le partageait, dans son enseignement au lit du malade tout en étant toujours très respectueux de la dignité du patient. Au-delà du service et des enseignements post universitaires et des quelques 700 publications, il faut citer LA référence incontournable en médecine interne qu’est devenu au fil de ses quatre éditions Le Godeau
S’il a contribué à faire reconnaître la médecine interne comme une spécialité à part entière, ses élèves ont essaimé dans bien d’autres champs de la médecine. En gériatrie, médecine interne de l’âgé, nombreux d’entre nous, dont je suis, s’honorent d’avoir été son élève et de lui devoir cette approche globale, holistique qui sait guider l’acte technique sans s’y perdre.
Médecin lieutenant en Algérie (expérience qu’il avait rapportée dans « Une Aventure algérienne »), Officier de la légion d’honneur, ses pairs ont aussi su apprécier son aura en l’élisant à l’Académie nationale médecine en 2000.
Mais il y a bien plus.
L’essentiel .
L’essentiel chez Pierre Godeau était sa bienveillance, son sens de l’amitié, et surtout son souci d’autrui. Qualité rare.
Pour ses patients, quelle que puisse être leur origine ou leur niveau social. Il mettait en pratique la belle phrase attribuée à Ambroise Paré répondant au Roi Charles IX qu’il traitait « ses gueux comme des rois ».
Pour ses élèves, qu’il savait diriger en étant à la fois attentif à leur pratique et rassurant. En leur accordant sa confiance il développait leur assurance.
Pour son service, aussi qu’il s’agisse d’agents hospitaliers, d’aides-soignantes ou d’infirmières : il savait être là, disponible et à l’écoute.
Pierre Godeau aimait la vie et la vie le lui a bien rendu tant au niveau familial, amical et professionnel.
Enfin, pour garder une saveur de notre maitre et, un peu, mieux le connaître, je vous recommande (au moins) deux de ses ouvrages celui du grand médecin : « Les héritiers d’Hippocrate » et celui de l’écrivain non dénué d’humour : « Rue du pas de la mule : L’amour, La haine, la mort »…quand l’interniste est l’élève du commissaire Maigret…
Au revoir Monsieur et merci.
Nous assurons son épouse Martine, ses enfants et ses petits-enfants de notre profonde émotion.
Dr Jacques Lambrozo
Membre de la SFGG