Interview de Robert Moulias
En quoi consiste ce groupe de travail ?
Ce groupe de travail, créé en 1986 et auparavant sous l’égide de la Fondation Nationale de Gérontologie, travaille autour de la question suivante : « Comment maintenir les droits et les libertés notamment de circuler et de s’exprimer pour les adultes âgés ? ».
Qui sont les membres de ce groupe ?
Le groupe dont la spécificité est d’être pluri-disciplinaire, regroupe 18 personnes, en activité ou retraités. Il réunit des experts pas seulement médicaux : des sociologues, juristes, économistes, éthiciens, psychologues, anthropologues mais aussi donc des médecins gériatres et géronto-psychiatres. Ce groupe est ouvert et est francophone – certains membres sont belges.
Comment cette activité s’est-elle concrétisée jusqu’à présent ?
Notre première activité est d’avoir rédigé la première version de la « Charte des droits et des libertés des personnes âgées et dépendantes » sur demande du Ministère. Depuis cette charte a été remise à jour 2 fois, tous les 10 ans, en 1997 et en 2017. Notre groupe publie ses travaux dans différentes revues et participe régulièrement à des colloques et des sessions.
Quels sont ses sujets d’étude ?
Nous nous intéressons particulièrement à des thèmes de fond droit comme la question de l’exclusion sociale et le « vieillir invisible » (ces personnes qui ne posent pas de problèmes sociaux car elles sont exclues de la société). La question de la dépendance et la définition de la personne dépendante a également toute notre attention. Il y a bien sûr d’autres thèmes comme : « la crise des Ehpad : déontologie et éthique ? » Quel est le sens aujourd’hui des obstacles à l’activité et les limites d’âges ? Quelle est la place sociologique des personnes âgées ? La question du consentement et du refus aux soins – comment des gens vulnérables psychiques peuvent avoir du mal à opposer un refus dans leur soin ?
Quel est l’objectif de ce groupe en rejoignant la SFGG ?
Nous serons une des parties les plus pluridisciplinaires de la SFGG, La Gérontologie manque souvent de regards croisés et de transversalité sur les questions médicales : c’est ce que nous espérons pourvoir apporter. Nous sommes également là pour donner des avis et des recommandations sur des sujets d’actualité. Notre rôle d’information est crucial : nous souhaitons compter dans ce débat de l’Union Européenne et dans la définition et l’application des droits et besoins des adultes âgés.
Quel regard portez-vous sur la crise actuelle que connaît le secteur de la santé dans le domaine du vieillissement ?
Dans la crise des Ehpad je trouve qu’on ne parle que des choses qui vont mal. Ces choses sont scandaleuses bien sûr, mais à côté et avec les mêmes moyens, certaines structures vont très bien. Peut-être y a-t-il des modèles dont il faut savoir s’inspirer et dont il faudrait comprendre les mécanismes pour résoudre cette crise. Une autre question me paraît fondamentale : la maltraitante organisationnelle. L’HAS a sorti des recommandations pour éviter la dépendance iatrogène hospitalière : le fait d’être rendu dépendant en entrant à l’hôpital (une personne maintenue hospitalisée à la suite d’une chute qui va se dénutrir et perdre son autonomie petit à petit à cause d’une immobilisation prolongée). Ce sujet est déterminant dans le parcours de soin des adultes âgés.
Pour toute information, merci de contacter Robert Moulias par email :