Dès la fin de son internat André Boiffin, qui a d’abord voulu s’initier à l’Endocrinologie, accède à une formation de spécialiste en Psychiatrie. En s’orientant vers la clinique de la souffrance mentale, Il soutient ainsi sa conception fondamentale du soin : l’attention pour les personnes, en particulier celles qui sont fragilisées par la maladie, relève d’une compréhension globale de leur être et de leurs interactions avec leur environnement.
Son humanité et sa disponibilité accompagneront toujours son évocation et quoique parti pour un exercice libéral à Orléans, Paul Berthaux et Jean-Pierre Bouchon lui proposeront de fonder une Unité de Psychogériatrie à l’hôpital Charles Foix d’Ivry sur Seine.
Elle ouvre en 1978 et André Boiffin établit progressivement des liens avec l’ensemble de la communauté gériatrique pour faire de son service, une ressource articulée et nécessaire. Il y dispense des soins marqués d’intelligence et de respect pour des personnes âgées et souvent dérangeantes. Selon une politique d’ouverture vers l’extérieur chère à Jean Vignalou, il développe aussi une consultation ambulatoire qui contribue à la notoriété de l’établissement et surtout à l’accessibilité des personnes désorientées vers un dispositif d’écoute bienveillante.
André Boiffin restera fidèle toute sa vie professionnelle à cette approche capable d’accueillir les étapes successives de la déconstruction et d’une reconstruction de l’espace psychique : Les effets du corps peuvent précéder ceux de l’esprit et l’inverse peut aussi advenir pour former un maillage permanent.
Une image de son travail est celle d’une dentelle fine et suffisamment ouvragée pour s’aérer encore sans perdre sa contenance. Telle était sa réalité de la complexité des situations et des êtres. Il aimait aussi énoncer qu’un mouvement appliqué à un mobile de Calder en déclenche un autre forcément imprévisible.
André Boiffin nous lègue un immense horizon : garder en soi une forme d’indécidabilité et de discrétion résolument tournées vers l’autre.
Jérôme PELLERIN