Chez les personnes âgées, la circulation veineuse ou artérielle étant moins bonne, les plaies deviennent plus graves et leurs cicatrisations plus problématiques.
Avec l’âge, beaucoup de personnes ont, et souvent sans le savoir, une insuffisance veineuse ou, s’ils ont fumé, une artériopathie chronique oblitérante des membres inférieurs (AOMI). Sur ce terrain, le moindre traumatisme, peut se transformer, en plaie chronique qui, après six semaines, n’a toujours pas cicatrisé.

« Dans ce cas, les malades âgés ne savent pas vers qui se tourner, dermatologues, médecins vasculaires, chirurgiens ou médecins traitants ? Les mieux placés restent encore les gériatres pour les conseiller et parfois traiter leurs plaies. Il faut tout de même que ceux-ci continuent à se former car les innovations notamment avec la télémédecine dans cette discipline sont nombreuses  » explique le Dr Meaume.
Le point avec le Dr Sylvie Meaume, dermatologue gériatrie à l’unité de gériatrie plaies et cicatrisation de l’Hôpital Rothschild (APHP - Paris).

 

Qu’est-ce qu’une plaie ?

Une plaie est une interruption du revêtement cutané. La plaie peut être plus ou moins profonde selon qu’elle constitue une simple de la peau ou des structures sous jacentes. La plaie va évoluer dans le temps en fonction de son étendue de surface et de sa profondeur, ainsi que de l’environnement direct et l’alimentation du patient.

 

Deux types de plaies 

  • Les plaies chroniques

Ce type de plaies est fréquent en gériatrie : il peut s’agir d’escarres, d’ulcères de jambe, de plaies du pied diabétiques, etc.

Une plaie chronique est une plaie dont le délai de cicatrisation est > 6 semaines.
Son processus de guérison est lié à des facteurs étiologiques comme le diabète, l’insuffisance veineuse et/ou artérielle ou d’autres facteurs (cancer…).

Les plaies chroniques relèvent d’une prise en charge multidisciplinaire de longue durée.
Elles sont souvent récidivantes, invalidantes, coûteuses. L’incidence des plaies chroniques en France augmente régulièrement du fait du vieillissement de la population et de l’augmentation des cas de diabète.
L’amputation reste un fléau chez les patients diabétiques. 

Allez plus loin : prise en charge des plaies chroniques (Ameli)

 

  • Les plaies aigües 

Les causes de ces plaies peuvent être les déchirures cutanées,  les brûlures, les plaies chirurgicales ou traumatiques (hématome disséquant).
Ce type de plaie cicatrise en un mois environ. Cette estimation statistique comporte évidement des écarts importants, fonction d’une multitude de facteurs incluant la méthode de traitement, les comorbidités fréquentes en gériatrie et les médicaments.
Parfois, malgré les soins apportés, elles ont du mal à guérir ou réapparaissent. Elle deviennent plaies chroniques.

 

Les Centres de Plaies et de Cicatrisations

Des centres de plaies et cicatrisation (CPC) sont des structures de diagnostic et de soin qui se sont peu à peu créées pour coordonner et améliorer la prise en charge et le suivi de patients porteurs de plaies complexes. 

Ces centres sont ambulatoires ou comprennent de l’hospitalisation, en lien avec des plateaux techniques. Ils disposent d'une équipe multidisciplinaire et pluri-professionnelle qui conseille les médecins traitants ou d'autres soignants sur le terrain, évalue l'urgence, met en place un plan de soins personnalisé (bilan étiologique, protocoles de soins locaux), coordonne la prise en charge, dispense de l'éducation thérapeutique, participe à la formation et à la diffusion des bonnes pratiques ainsi qu'à la recherche clinique.

Quelques centres :

 


L'ESCARRE

Les escarres correspondent à une nécrose de la peau et des tissus mous, de manière localisée, sur les zones ou l'appui est prolongé.
Leur traitement est difficile, mais des gestes de prévention peuvent permettre de les éviter.

L'apparition d'une escarre est liée deux facteurs : l'immobilité et l'absence de perception de la douleur par le patient.
Afin de prévenir les escarres chez les personnes âgées ou limiter son évolution, il est requis de prendre en considération les facteurs de risque :

 

 

 

 

En cas d’escarres constituées de grande taille incluant une prise en charge chirurgicale de détersion, le traitement par pression négative permet de stimuler le bourgeonnement de la plaie et d’accélérer la fermeture de la plaie.

 

L'ULCÈRE DE JAMBE

Même si sa fréquence a beaucoup diminué, l’ulcère de jambe touche environ 1% des + de 60 ans, 5 % des + de 80 ans.
Il est à 80 % d’origine veineuse mais la part artérielle augmente avec l’âge et doit être recherchée systématiquement.
La prise en charge de ces plaies chroniques par des spécialistes est souvent tardive.
La contention par bandes est le meilleur traitement de ces plaies si la circulation artérielle est bonne mais ce traitement est souvent mal accepté et supporté et nécessitent pour être efficaces d'être appliquées par des infirmières bien formées.

 

LA DERMITE ASSOCIÉE À L'INCONTINENCE (DAI)

La DAI est une pathologie fréquente liée à une exposition prolongée des régions périnéales et anales aux selles diarrhéiques le plus souvent.
Cette pathologie est fréquente mais méconnue.
L’incontinence toucherait 3 millions de personnes en France et + de 60 % des résidents en EHPAD.
Cette prévalence atteindrait 90 % chez des sujets atteints de pathologie démentielle.

Allez plus loin : Article "Repères en Gériatrie" : "Dermite associée à l'incontience" (Dr Nathalie Faucher, Sylvie Palmier, Dr Sylvie Meaume)


Comment soigner une DAI :

  • prendre en charge de la diarrhée (traitement de la cause, choix de protections adaptées à la morphologie du patient, collecteur fécaux temporaire…) 
  • localement utiliser des produits dédiés qui ont pour rôle de réparer rapidement la barrière protectrice de la peau
  • de prévenir la DAI en utilisant au quotidien des produits  adaptés, non irritante et des crème barrière

 

LES PLAIES DU PIED DIABÉTIQUE

En France, l’incidence est estimée à 40 000 nouvelles plaies par an dans la population diabétique et 7% des diabétiques souffrent ou ont souffert au moins une fois dans leur vie d’une plaie du pied.

Il s’agit d’une complication fréquente du diabète puisque 20 à 25 % des diabétiques consultent au moins une fois dans leur vie pour troubles trophiques.

En France, les plaies du pied diabétique sont un problème de santé publique car ces plaies sont pourvoyeuses d’hospitalisation et engendrent un important coût pour leur prise en charge. Elles sont responsables de 10 % des hospitalisations dans la population diabétique. Chez les personnes âgées le pronostic de ces plaies est redoutable en raison des comorbidités en particulier vasculaires associées. Le traitement de ces plaies passe par une décharge des plaies ou l’utilisation d’un fauteuil roulant jusqu’à la cicatrisation complète des plaies

 

Allez plus loin : « Plaies du pied diabétique : faire mieux en prévention »

 

 

Allez plus loin :