Microbiome et maladies liées à l’âge
Claire Roubaud

 

3 questions se posent :

  • Que savons-nous de l’évolution du microbiome au cours de la vie ?
  • Quels sont les effets des changements liés à l’âge sur la santé ?
  • Quelles sont les possibles approches thérapeutiques sur le microbiote ?

Définition

Le microbiome est l’ensemble du génome d’une communauté microbienne et de son environnement présente dans le corps humain (peau, intestin, poumon, etc.).

 

 

2) Les bases de l’étude du microbiote

80% des bactéries ne sont pas cultivables, le séquençage des gènes permet de décrire les bactéries présentes dans un échantillon.
Si nous regardons la composition taxonomique, nous nous apercevons qu’elle est différente d’un individu à l’autre et elle endosse plusieurs fonctions essentielles dans l’organisme qui elles sont stables d’un individu à l’autre.
Le microbiote permet de protéger l’homme contre les infections, de dégrader des aliments, produire des vitamines, de maintenir l’intégrité de la barrière intestinale, etc.
Le microbiote est différent selon l’endroit du corps mais aussi notre lieu de vie.
Nous nous intéressons ici au microbiote dans l’organisme de la personne vieillissante.

 

Présentation de l’étude

Une cohorte irlandaise a montré que le microbiote était différent en fonction de l’âge, du lieu de vie (domicile verusus EHPAD) et de la durée de l’institutionnalisation ; mais également de son régime et son degré de fragilité.  Il existe une grande hétérogénéité du microbiome dans la population âgée.
Les personnes centenaires sont des exceptions : leur longévité est notamment associée à une composition spécifique du microbiote et à un enrichissement de certaines souches bonnes pour la santé.

 

 

 

3) Quels sont les effets des changements liés à l’âge sur la santé ?

L’âge est un facteur de risque pour de nombreuses maladies comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, etc.
Quel est le rôle du microbiome ? Est-il un nouveau biomarqueur ou un acteur des maladies liées à l’âge ?
Les souris nous aident à répondre à ces questions.
Le transfert du microbiote d’une souris âgée vers une souris jeune induit une inflammation.
Au contraire le transfert d’un microbiote d’une souris jeune vers une souris âgée améliore les déficiences associées au vieillissement.
Si l’on s’intéresse maintenant au microbiote et la maladie d’Alzheimer, on peut voir qu’il existe un microbiote spécifique.
Le modèle de la souris confirme que la composition du microbiote a une influence sur la maladie d’Alzheimer.

 

 

4) A-t-on la possibilité de modifier le microbiote ?

Il existe beaucoup d’études sur les prébiotiques et probiotiques mais des non concluantes.
Une approche individualisée serait plus pertinente.
La transplantation fécale a déjà montré son efficacité dans les diarrhées à Clostridium difficile ou dans des maladies inflammatoires du tubes digestives.
Des études sont en cours dans d’autres maladies.

En résumé, on sait qu’il existe un lien entre le microbiome et l’âge et que chacun exerce une influence réciproque.
Deux questions demeurent en suspens :  existe-t-il des signatures du microbiote spécifiques de la longévité ou reflètent-ils plutôt l’état de santé ? Le microbiote peut-il influencer le vieillissement de l’hôte ? En d’autres termes, sommes-nous en présence d’un nouveau biomarqueur ou d’une nouvelle cible thérapeutique ?

 

Issu  d’une communication à EUGMS Symposium du Groupe d’intérêt « Infection et vaccin chez le sujet âgé »
Pr Gaëtan Gavazzi

 

La vaccination est l’acte le plus efficace pour diminuer l’incidence des maladies infectieuses contagieuses comme vient encore de le démontrer l’utilisation des vaccins lors de la pandémie COVID 19. Ainsi, certains d’entre eux limitent les hospitalisations et la mortalité liés à ces maladies à prévention vaccinale (MPV) particulièrement fréquente que sont la grippe, la pneumonie à pneumococque, le zona et la COVID 19.
Des recommandations de vaccins sont toutefois au nombre de 7 pour les individus de plus 65 ans en Europe ,diphtérie -tetanos-Polio, le vaccin antigrippal, antipneumococcique, Coqueluche , Zoster et COVID 19.
Au-delà de l’efficacité sur l'incidence de la maladie elle-même, les MPV les plus fréquentes et les plus graves telles que la grippe, la pneumonie à pneumococque, le zona et la COVID 19 , il existe une association à des complications particulières. 

Toutes les 4 ont été associés à des niveaux différents à une augmentation du risque d’événements cardiovasculaires, tels que l’infarctus du myocarde, la décompensation d’insuffisance cardiaque, l’accident vasculaire cérébral, dans les jours et semaines qui suivent l’infection.

Par ailleurs la grippe, la pneumonie à pneumocoque et la COVID 19, augmentent le risque de chute, de fracture et de dépendance fonctionnelle ; ainsi de 30% à 50 % des patients âgés seraient devenu et resteraient dépendants 3 mois après l’épisode infectieux.  

La question de l’efficacité de ces vaccins pour réduire la gravité des maladies au-delà de prévenir la maladies elle-même est donc posée.
Limiter des épisodes sévères qui se compliquent par des événements cardio-vasculaires ou de dépendance fonctionnelles paraît donc légitime.

Ceci semble bien démontrer pour les événements cardio-vasculaires qui sont efficacement prévenus par  les vaccins anti-grippaux (- 11 à 28%) et anti-pneumococciques (- 7%).
Le vaccin contre le Zona semble lui efficace pour prévenir la dépendance fonctionnelle. 

Une étude non encore publiée du PUGG ( SFGG/SPILF) réalisée en 2017 en France semble montrer l’efficacité du vaccin anti-grippal sur la dépendance.

En tout état de cause il paraît important de communiquer sur la gravité des complications non infectieuses des maladies infectieuses notamment  en ce qui concerne les événements cardiovasculaires et  l’intérêt des vaccins à les prévenir. L’avenir se tourne donc aussi sur l’évaluation des vaccins sur des critères tels que la dépendance fonctionnelle important pour la qualité de vie à titre individuel et financièrement à titre collectif.