Alors que 43 848 nouvelles personnes ont été testées positives au COVID-19 ces dernières 24 heures et face à l’activation dans quasiment tous les hôpitaux du territoire français du Plan Blanc en raison d’une 5e vague particulièrement virulente, la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) appelle à vacciner TOUS les patients âgés, le plus rapidement possible.
“Une 3e dose sans délai”
« Tirons les leçons des 4 premières vagues ! » demande le Pr Nathalie Salles, présidente de la SFGG et gériatre au CHU de Bordeaux. « La population âgée, du fait de sa grande vulnérabilité, présente des risques élevés de formes graves de la maladie, avec un taux de mortalité estimé autour de 30%. Aujourd'hui, près de 25% des résidents d'EHPAD / USLD n'ont toujours pas reçu la dose de rappel. Si nous voulons mettre toutes les chances du côté de cette population, il faut réaliser dès à présent la dose de rappel du vaccin quel que soit leur schéma vaccinal, sans attendre le délai de 5 mois, afin de faciliter la logistique de vaccination en établissement ». « Au lieu de toujours réagir en urgence, essayons, pour une fois, de faire de la prévention et éviter des catastrophes » poursuit-elle. C’est en effet, pour la société savante de gériatrie et de gérontologie, une véritable « course contre la montre » qui se joue et face à laquelle « nous ne devons pas, nous ne pouvons pas passer, à côté car des vies de patients âgés peuvent être sauvées ».
Ainsi chaque jour qui peut être gagné doit l’être.
“Nous ne voulons pas, à nouveau, compter les morts en EHPAD”
Les études scientifiques sont formelles et unanimes : l’efficacité du vaccin anti-COVID diminue avec le temps.
« Les deux moyens pour qu’il y ait une couverture immunologique suffisante, c’est-à-dire pour que la population soit immune, sont d’avoir une très bonne couverture vaccinale et une très bonne efficacité vaccinale » explique le Pr Gaëtan Gavazzi, gériatre et infectiologue au CHU de Grenoble. « Or la couverture vaccinale de rappel (3e dose) chez les + de 80 ans est actuellement de 55,9% (SPF). Nous savons que l’efficacité vaccinale diminue avec le temps en particulier chez les sujets âgés. Après 3 mois, on a déjà une efficacité vaccinale à 75% et à 6 mois de 50%. Donc si vous avez 50% de personnes âgées qui ne sont pas vaccinées, après 6 mois, il n’y a plus qu’un quart de la population qui est vraiment protégée et après 3 mois, cela représente 37,5% ».
Il faut donc aller très vite sur une couverture vaccinale maximale, en particulier dans la population âgée, « et ce dès le 3e mois », recommandent les gériatres de la SFGG qui assurent une absence d’effets indésirables et une bonne efficacité face au variant Omicron (en l'état actuel des données disponibles) et malgré les annonces, le 25 novembre dernier, de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui a statué sur une vaccination à partir de 5 mois après la dernière dose.
« Il ne faut pas attendre, c’est maintenant, avant Noël, qu’il faut vacciner ». D’autant que « le rappel agit comme un boost, il fonctionne incroyablement bien. Quelques jours après seulement, votre immunité remonte très fort et vous protège encore plus que ce que vous étiez quelques semaines après la 2e injection de la primo vaccination » ajoute le Pr Olivier Guérin, gériatre au CHU de Nice et membre du Conseil Scientifique. Un rappel qui doit aussi concerner bien entendu les personnels soignants qui sont, à ce jour et en EHPAD, seulement 18% à avoir reçu la 3e dose : “Nous faisons appel à l’esprit de responsabilité des professionnels de santé exerçant dans le sanitaire et le social. La vaccination est un des leviers pour freiner l’épidémie, utilisons la ! Nous ne souhaitons pas, à nouveau, compter les morts en EHPAD comme ce fut le cas lors de la 1ère vague de l’épidémie” poursuit le Pr Nathalie Salles.
Concernant la vaccination de la population âgée, la SFGG demande aux Agences Régionales de Santé (ARS) d’organiser cette campagne de rappel et de donner les moyens, sur le terrain, de la réaliser. Il s’agirait d’organiser une aide humaine grâce, par exemple, à des équipes mobiles afin de faciliter la vaccination des plus âgés.
Face à 5e vague, la SFGG réactive ses hotlines gériatriques
Mises en place en un temps record pendant la première vague épidémique pour venir en aide aux médecins en EHPAD et à domicile et pour fluidifier l’accès aux soins, les hotlines gériatriques vont être réactivées face à l’ampleur de la 5e vague.
Il s’agit aussi et surtout “que les personnes âgées ne fassent pas les frais de la tension hospitalière” explique le Pr Nathalie Salles. “Nous refusons que le tri aux urgences et en services de réanimation puissent priver nos patients âgés d’un accès aux soins équitable et de qualité”.
En d’autres mots pour la SFGG, il s’agit de dénoncer et combattre l’âgisme, la discrimination envers les personnes âgées, encore et toujours.
Contact presse : caroline.pastorelli@sfgg.org
Allez plus loin :
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