En cette période d’épidémie de COVID-19, la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD) et douze organisations parmi lesquelles la SFGG appellent les pouvoirs publics à renforcer leur engagement en faveur d’une meilleure prise en charge de la douleur en France. Ils alertent sur les conséquences d’une aggravation de la situation en lien avec la crise sanitaire actuelle et présentent une feuille de route comprenant 22 pistes d’actions concrètes à mettre en œuvre dès 2021.
La douleur est un défi majeur pour le système de santé du XXIe siècle et pour notre démocratie sanitaire. Elle constitue un véritable phénomène de société, tant par le nombre de personnes concernées que par l’importance des enjeux qu’elle soulève, trop longtemps ignorés et encore aujourd’hui sous-évalués. Concernant près de 12 millions de Français[1], elle est source de handicap, d’inactivité, d’isolement social et de souffrances psychique, physique et sociale. Elle a également un impact socio-économique massif, induisant une forte consommation de soins et un absentéisme professionnel. On estime que la douleur chronique engendre un surcout d’1,2 milliard d’euros par an[2].
Dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, la survenue de douleurs liées à la COVID-19, la moindre performance des parcours de soins habituels (hors COVID-19), la multiplication attendue des situations de précarité, sont venus renforcer cette situation déjà préoccupante.
Pourtant, seulement 30% des patients douloureux reçoivent le traitement appropriéet moins de 3% d’entre eux sont pris en charge dans des centres spécialisés (Structures Douleur Chronique -SDC), qui manquent cruellement de moyens – et dont le tiers de ces centres pourrait disparaître prochainement[3]. Depuis 2012, il n’existe plus de plan ni de programme dédié au développement de la médecine de la douleur et à sa prise en charge.
Treize organisations de sociétés savantes, de professions de santé et d’associations de patientsappellent les pouvoirs publics à mettre en place dès l’année 2021 un programme d’actions pour que souffrir de douleur ne soit plus une fatalité. Cette feuille de route propose 22 mesures ambitieuses et concrètes- à même de répondre aux enjeux sanitaires, sociaux, et d’enseignement identifiés - sur 5 axes prioritaires :
- L’amélioration de la reconnaissance sociétale de la douleur, notamment par la mise en place d’un véritable plan national de lutte contre la douleur, de campagnes d’informations ou en faisant de la lutte contre la douleur une « Grande Cause nationale ».
- Le renforcement de la formation des professionnels de santé et des patients, via par exemple la mise en œuvre ou le soutien à la formation de « patients experts » en douleur chronique ou la création d’un Diplôme d’Etudes Spécialisées en Médecine de la Douleur.
- La pérennisation des Structures Douleur Chronique (SDC), pivot dans la prise en charge des patients douloureux sur le territoire.
- L’optimisation du parcours de soins du patient douloureux, que soit via l’identification de véritables « parcours de santé » pour la douleur chronique ou en luttant contre le mésusage des médicaments.
- L’amélioration de la prise en charge des publics vulnérables(handicap, gériatrie, pédiatrie, psychiatrie, etc.), à travers une évaluation et une prise en charge systématique de la douleur chez ces publics.
« Cette feuille de route doit servir de base à la mise en œuvre d’un programme d’action réaliste à l'échelon local et national, en lien avec les institutions, l’hôpital et la ville. Elle témoigne de notre envie de faire bouger les lignes et d’avancer concrètement pour améliorer la prise en charge de la douleur pour tous nos concitoyens, particulièrement en cette période d’épidémie ou l’on voit la situation s’aggraver », indique le Pr. Frédéric Aubrun, Président de la SFETD.
Les organisations de professionnels de santé et de patients signataires de la feuille de route :
- Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG)
- Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD)
- Association Française de Lutte Antirhumatismale (AFLAR)
- Association Francophone pour Vaincre les Douleurs (AFDV)
- Association Nationale pour la Promotion des Soins somatiques en santé mentale (ANP3SM)
- Douleurs sans frontières (DSF)
- EFIC – Europe
- Fibromyalgie France
- Société savante pour le traitement de la douleur chez l'enfant (Pédiadol)
- Société Française d'Accompagnement et de soins Palliatifs (SFAP)
- Société française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG)
- Société Française d’Etudes des Migraines et Céphalées (SFMEC)
- Société Française de Médecine d'Urgence (SFMU)
- Société Française de médecine physique et de réadaptation (SOFMER)
Avec le soutien institutionnel des laboratoires Grünenthal
[1]Livre Blanc Douleur, SFETD, 2017