La douleur est un défi majeur pour le système de santé du 21e siècle et pour notre démocratie sanitaire.

Elle constitue un véritable phénomène de société, tant par le nombre de personnes concernées que par l’importance des enjeux qu’elle soulève, trop longtemps ignorés et encore aujourd’hui sous-évalués. Premier motif de consultation, dans les services d’urgences et chez le médecin généraliste, la douleur concerne près de 12 millions de Français soit plus de 20% de la population. Elle touche toutes les catégories socio-professionnelles, notamment les âges extrêmes de la vie, les personnes vulnérables, les patients atteints de cancer.
Elle constitue un lourd fardeau pour les personnes concernées pour qui elle peut être source de handicap, d’inactivité, d’isolement social et de souffrances psychique, sociale, existentielle : près d’un patient sur trois estime que la douleur est parfois tellement forte qu’il ressent l’envie de mourir. Dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, la survenue de douleurs liées à la covid19, la moindre performance des parcours de soins habituels (hors covid-19), la multiplication attendue des situations de précarité, sont venus renforcer cette situation déjà préoccupante. Au-delà de l’impact sanitaire, son impact économique et social est massif car la douleur chronique, en particulier post-chirurgicale, induit une forte consommation de soins ainsi qu’un important absentéisme professionnel. On estime que la douleur engendre un surcout d’1,2 milliard d’euros par an. Pourtant, la douleur n’est pas reconnue à la hauteur du fardeau qu’elle représente pour les patients et la société.

Il n’existe aujourd’hui aucun plan dédié au développement de la médecine de la douleur. La prise en charge chez les patients concernés est souvent insuffisante, voire absente du parcours de soins. Le délai d’attente moyen pour une consultation en structure spécialisée est de 13 semaines et peut même atteindre une année. Plus inquiétant, 30% de ces structures pourraient disparaitre ces prochaines années, par manque de moyens financiers et humains. Il y a donc urgence à agir. Il y a urgence à revoir les stratégies de prise en charge de la douleur, en ville comme à l’hôpital, à tous les âges de la vie. Il y a urgence à revoir la formation en médecine de la douleur pour les professionnels de santé. Il y a urgence à restructurer le parcours de soins et revoir la prise en charge des publics vulnérables. Treize organisations de sociétés savantes, de professions de santé et d’associations de patients lancent un appel pour redonner un nouvel élan à la prise en charge de la douleur en France, et reconnaître la douleur comme un enjeu déterminant pour notre système de santé. Cette nouvelle dynamique passe par la mise en place de 22 propositions ambitieuses et concrètes, à la hauteur des défis à relever.


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