Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de morbidité et de mortalité chez les sujets âgés de 75 ans et plus, en raison des altérations structurelles et fonctionnelles du cœur et des vaisseaux liées à l'âge, ainsi que de l'exposition cumulative aux facteurs de risques cardiovasculaires (FdR CV). Cette population en forte croissance démographique présente une hétérogénéité importante de l'état de santé et des capacités fonctionnelles. Les sujets les plus âgés sont souvent les plus fragiles car à très haut risque de complications cardiovasculaires nécessitant à la fois des traitements préventifs et curatifs. Cependant, cette même population est aussi la plus vulnérable aux effets indésirables des médicaments, ce qui nécessite des stratégies thérapeutiques peu agressives adaptées à la personne. Celles-ci peuvent réclamer une dé-prescription, soit par décroissance des doses notamment pour les traitements anti- hypertenseurs, soit par arrêt de certains médicaments jugés non indispensables, afin d’éviter les risques liés à une poly-médicamentation.

Afin d’éviter un surtraitement des plus fragiles, ou un traitement insuffisant des plus robustes, l’Académie nationale de médecine juge nécessaire de développer une prise en charge personnalisée, coordonnée et holistique des FdR CV chez les sujets âgés de 75 ans et plus, en fonction de leur niveau de fragilité et de leur statut fonctionnel, et non seulement de leur âge chronologique (1).

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Dans ce but, elle recommande :

  • Le dépistage systématique de la fragilité et des capacités fonctionnelles des personnes âgées afin d’optimiser les objectifs et les choix thérapeutiques vis-à-vis des FdR CV. Ce dépistage doit pouvoir être réalisé par tous les professionnels de santé spécialement formés, à l’aide d’échelles rapides, qui sont validées et faciles à maîtriser ;
  • Une intégration de la dé-prescription comme outil thérapeutique. Cette approche doit être davantage enseignée au cours des études médicales et nécessite une coordination entre le médecin traitant, pivot dans la gestion de l’ensemble des traitements, et les spécialistes d’organes ;
  • Le recours aux aides à domicile, pour améliorer l’adhésion au traitement et réduire les erreurs médicamenteuses (utilisation d’un pilulier et surveillance, si nécessaire, d’une infirmière), et aux objets connectés ;
  • Une amélioration de la prise en charge des résidents d’EHPAD, en proposant l’intervention d’équipes mobiles externes, déployées par les Communautés territoriales de professionnels de santé, destinées à suivre régulièrement les patients à haut risque cardiovasculaire (visites sur place, extraction de données à partir du dossier médical informatique, téléconsultation) ;
  • La promotion de l’inclusion de patients très âgés et fragiles dans les essais cliniques, grâce à la mise en place de mesures concrètes destinées aux chercheurs et aux industriels du médicament.
  • L’efficacité de la mise en œuvre de l’ensemble de ces propositions devra être évaluée avant généralisation au niveau national.

 

Références
1. Académie nationale de médecine, Rapport sur la prise en charge des facteurs de risque cardio-vasculaire des personnes âgées de 75 ans et plus (A. Benetos et B. Bauduceau, au nom d’un groupe de travail), 28
janvier 2025

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