Alors que les données de Santé Publique France au 26 mai 2022 révèlent une diminution de la circulation du SARS-CoV-2 pour la 6e semaine consécutive, une amélioration des indicateurs épidémiologiques, des taux d’incidence, de positivité et d’admissions à l’hôpital en baisse dans toutes les classes d’âge, la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) souhaite alerter sur les mesures de restrictions limitatives qui sévissent encore trop souvent en EHPAD.

 

            L’EHPAD, un lieu de vie et d’accueil

            « Nous observons dans encore trop d’établissements médico-sociaux que les mesures barrières mises en place pendant l’épidémie de COVID-19 n’ont toujours pas été levées, conduisant à des privations de vie sociale injustifiées » explique le Pr Nathalie Salles, Présidente de la SFGG.

Certes, les EHPAD accueillent des personnes de plus en plus âgées et de plus en plus dépendantes, les obligeant à renforcer leurs offres de soins. Néanmoins, faut-il rappeler que l’EHPAD n’est pas un hôpital mais un lieu de vie et d’humanité où les gens aiment à se rencontrer ? Que partager du temps avec les personnes qui comptent est essentiel ? Que se toucher, se voir, se prendre dans les bras est absolument fondamental pour tout être humain ?

Plus de liberté. Moins de masques. Moins de contrôles et moins de mesures restrictives. Moins d’inégalités, plus de considérations pour les résidents en EHPAD : voici en substance la demande des gériatres et des gérontologues en cette veille de période estivale.

 


L’égalité entre les citoyens : une question éthique

                      « L’âge intervient une fois encore comme fondement de l’inégalité » explique le Dr Sophie Moulias, gériatre à l’Hôpital Ambroise Paré et spécialiste des questions éthiques. « À vouloir trop protéger les résidents en EHPAD, on leur enlève leur qualité de vie, voire la vie elle-même. Or, il faut savoir que quand la fragilité s’étend, le besoin relationnel s’étend. Quand les relations s‘éteignent, la personne est confrontée encore plus à elle-même. Qu’à vouloir trop en faire on augmente l’isolement des résidents d’EHPAD avec un risque important de mort sociale. Il ne faut jamais perdre de vue l’idée que la santé est un bien global dont la relation à l’autre fait entièrement partie et que la privation relationnelle a des conséquences dramatiques ».

 

Nous  savons en effet aujourd’hui que les conséquences de l’épidémie COVID-19 sur les résidents en EHPAD (ainsi que leurs familles et les soignants) ont été majeures. Plusieurs enquêtes, notamment l’étude ENCOPAD-IPCE menée en 2020 par le Pr Sylvie Bonin-Guillaume, gériatre au CHU de Marseille et le Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz, psychologue, ont mis en exergue une augmentation de la tristesse, de l’inquiétude et des signes d’anorexie chez les résidents pendant cette période.

 

              Des recommandations obsolètes qui nécessitent une mise à jour

 

Les dernières recommandations émises pour « Les établissements et services accueillant des personnes âgées et des personnes en situation de handicap » par le Ministère des Solidarités et de la Santé datent du 6 avril 2022. Ainsi, la SFGG demande-t-elle leur mise à jour :

« Il s’agit en particulier de ne plus requérir le port du masque dans les établissements et services médico-sociaux accueillant des personnes âgées (mis à part au moment du soin), d’arrêter les contrôles et les dépistages systématiques et d’assouplir les visites et animations ». « Aujourd’hui, règne une trop grande disparité dans l’application des règles dans les EHPAD en France. Le principe de précaution n’a plus lieu d’être ».

En effet, l’été est une époque où le risque lié au virus est beaucoup plus faible.

« Il est intolérable de voir encore des résidents et familles aussi contraints. Il est ainsi grand temps de lever, dans tous les EHPAD, ces restrictions afin que les résidents et leurs familles puissent, eux aussi profiter des réjouissances estivales le mieux possible, surtout dans cette population particulièrement bien protégée par la vaccination ».

 

 

             Les hotlines gériatriques, des sentinelles épidémiologistes à activer

 

Nombreux sont les professionnels médico-sociaux qui réclamaient depuis longtemps un accès direct à un avis gériatrique. Aussi n’est-il pas surprenant que le recours aux hotlines gériatriques mises en place pendant la première vague épidémique pour épauler la prise en charge en EHPAD et à domicile aient été pérennisées.

« Elles doivent aujourd’hui non seulement être activées lorsqu’une situation en EHPAD le demande mais aussi agir en sentinelle épidémiologique, c’est-à-dire permettre de mener une surveillance et une veille sanitaire de l’épidémie COVID-19 afin de pouvoir réagir de manière rapide si la situation était amenée à évoluer défavorablement que ce soit au niveau local ou au niveau national » explique le Pr Nathalie Salles.

 

Allez plus loin : 
- Consultez les recommandations du 6 avril 2022
- Consultez la carte de France des hotlines gériatriques
- Consultez les autres communiqués de presse