“On avait envie de parler” ; “Enfin on écoute un peu notre voix”.
Grâce à l’association Old’Up, + de 5000 personnes âgées ont pu s’exprimer. Partager leurs ressentis, leur vécu, leurs idées.
Comment les personnes âgées ont vécu le confinement ?
Quel est leur regard sur l'épidémie du COVID-19 ?
Quels sont les enseignements que l’on peut tirer ?
Le point avec Marie-Françoise Fuchs, Fondatrice de Old’Up.
En quoi consistait cette enquête ?
“L’association OLD’UP, qui signifie littéralement « Les Vieux debout », a mené une enquête pour donner la parole aux vieux. Il s’agissait de se mettre à leur écoute avec la particularité de se positionner comme eux et de se reconnaître en eux. Par cette enquête originale et inédite, réalisée par des vieux auprès d’autres vieux, c’est un tout autre discours qui émerge, l’opposé des représentations véhiculées au cours de la crise sanitaire et qui permet d’en apprendre un peu plus sur leur participation à la vie sociale et leur rôle dans la société.”
Qui a répondu ?
“Les répondants sont majoritairement des femmes (58%) âgées entre 71 et 80 ans (66%) de catégories cadres ou professions intermédiaires (81%) vivant en couple (53%) dans une maison individuelle pendant le confinement (53%).”
“Nous avons diffusé l’enquête par email mais nous avons également mis en place un numéro vert qui a été particulièrement utilisé et qui a permis de donner la parole à des gens éloignés des grandes villes, qui ne disposent pas de capacité de communication avec le digital. Car il faut souligner qu’internet, la nouvelle technologie, l’informatique sont un obstacle à la communication. Certaines personnes ont besoin d’un réel accompagnement humain pour arriver à continuer une vie de relation et de communication au long cours. Même le portable à touches comporte ses secrets qu’il est difficile parfois de percer !”
Comment est perçue l’épidémie de Covid-19 par les personnes âgées ?
Il apparaît que les personnes âgées prennent au sérieux le risque de contagion, mais également les conséquences de la crise sanitaire : « C’est un danger grave, surtout pour ses conséquences économiques et sociales ». La perception du risque dépend aussi du niveau de connaissances sur les risques de contagion et la situation d’incertitude peut provoquer un sentiment d’angoisse : « Le danger vient de l'incertitude que cela provoque dans nos esprits ». Certaines personnes âgées soulignent aussi l’effet de sidération provoqué par l’état d’urgence sanitaire, pour relativiser l’importance du danger : « À tort ou raison, il me semble qu'on a créé une sorte de panique qui empêche la réflexion collective. Je pense qu'il y a un danger, certes : des personnes sont décédées ! Mais je refuse pour ma part de céder à ce mouvement irrationnel de peur. Pour moi, c'est un danger faible, moins grave que prendre ma voiture, par exemple ».
Privés de sortie, comment les personnes âgées ont-elle vécu le confinement ?
“À l’analyse des résultats, on a pu constater que le confinement n’a pas été trop pénible à vivre. Des retours de lien se sont ré-affirmés, d’anciennes amitiés, de vieilles connaissances, des retrouvailles : un vrai retour d’affect a eu lieu pendant son confinement. Parfois les frères et soeurs se sont réunis. Il y a eu aussi de belles solidarités de voisinage et j’espère que cela va continuer !
La 2e chose que l’on a pu constater majoritairement c’est le choc des personnes de 65 ans d’être assimilées à la population des 80 ans et +. D’avoir été considérés comme des gens à aider plutôt que des sujets pensants ayant des avis qui comptent. Il y a une dévalorisation globale de la société par rapport aux personnes âgées.”
Quels sont leurs souhaits pour l’avenir ?
L’enquête invitait les personnes âgées à formuler leurs propositions permettant de faciliter le maintien des liens avec leurs proches. Les principales propositions exprimées sont les suivantes :
Qui est Old’Up ?
« Avec l’allongement de la vie, il y a un avenir qui s’ouvre auquel il faut donner du sens et de l’utilité. OLD'UP organise des groupes de paroles, des ateliers d’apprentissage numérique, des actions citoyennes, tout ce qui fait de nous un sujet en chemin et non pas un objet à distraire. Je n’ai jamais rencontré autant de gens passionnants. Ensemble, à 80, 90 ans nous découvrons encore l’étendue des possibles ! »