La pandémie actuelle a frappé durement les personnes âgées hospitalisées, notamment en médecine gériatrique : ¾ des décès en France sont survenus chez les malades de plus de 75 ans et 2 fois plus chez les hommes [1]. Cette forte mortalité est le reflet de la diminution des réserves physiologiques, de la multimorbidité, de la perte d’autonomie fonctionnelle, mais aussi de la difficulté à se protéger correctement vis-à-vis du risque de contamination, compte tenu des conditions actuelles d’hospitalisation.
La fragilité des personnes âgées vis-à-vis des maladies infectieuses est bien connue [2], notamment en cas de grippe saisonnière, de toxi-infection alimentaire, de gale, d’infection par Clostridium difficile ou par des bactéries multi-résistantes (BMR) aux antibiotiques.
En contexte épidémique, il est primordial de renforcer les mesures de prévention en collectivité gériatrique afin de limiter la transmission et de protéger les personnes encore indemnes. Outre les mesures barrières et l’isolement géographique des malades, une attention particulière doit être accordée à la désinfection des chambres ainsi qu’au bon usage des antibiotiques au sein du service.
Cependant, les règles d’hygiène sont souvent difficiles à respecter en institution gériatrique :
- le nombre de chambres individuelles ayant un équipement sanitaire complet avec douche individuelle reste limité;
- les locaux collectifs ne permettent pas toujours une distanciation physique suffisante : salle à manger, espace climatisé unique en cas de canicule, salle de soins de stockage partagée… ;
- la déambulation et les troubles du comportement altérant la compréhension des consignes d’hygiène sont fréquents chez les personnes âgées présentant des troubles cognitifs ;
- le nombre de postes pour le lavage ou la désinfection des mains est souvent insuffisant ;
- l’application des protocoles de prise en charge des personnes colonisées par des BMR est souvent difficile, voire impossible faute de personnel qualifié
- la nécessaire ouverture aux visiteurs, hors période épidémique, multiplie les contacts extérieurs.
L’épidémie actuelle de Covid-19 a permis de sensibiliser les soignants et le grand public sur les moyens de réduire le risque de transmission du virus de personne à personne ou par contamination indirecte, voire de supprimer ce risque en cas d’isolement complet.
Afin d’améliorer les conditions de soins et d’hébergement des personnes âgées hospitalisées, l’Académie nationale de Médecine recommande :
- de généraliser les chambres à un seul lit ;
- de prévoir un nombre suffisant de postes pour le lavage des mains ou la distribution de solution hydro-alcoolique dans chaque unité de soins ;
- de garantir l’approvisionnement en dispositifs à usage unique (masques, équipements de protection individuelle), antiseptiques et désinfectants pour l’entretien des locaux ;
- d’assurer une formation continue du personnel par des ateliers pratiques de prévention du risque infectieux ;
- de sensibiliser l’entourage familial au respect des mesures barrière ;
- de rendre obligatoire la vaccination contre la grippe pour l’ensemble du personnel travaillant au contact des personnes âgées [3].
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[1] Verity R et al. Estimates of the severity of coronavirus disease 2019 : a model-based Lancet Infect Dis 2020 https://doi.org/10.1016/S1473-3099(20)30243-7
[2] Gavazzi G, Krause KH. Ageing and infection. Lancet Infect Dis 2002 ; 2(11) : 659-66.
[2] Communiqué de l’Académie Nationale de Médecine. «Face à la Covid 19, vaccinons contre la grippe ». 13 mai 2020.