Le permis de conduire a 100 ans !
À cette occasion le 9 mars 2023, la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) organise un événement 100% digital : les Printanières de la SFGG.
Cette journée traitera de ce sujet très attendu, celui de la conduite automobile des personnes âgées, qui représente une des activités importantes de la vie quotidienne et un symbole d’indépendance !
Voici une interview croisée entre le Pr Sylvie Bonin-Guillaume, gériatre à l'APHP, Sylviane Lafont, Directrice de Recherche en épidémiologie, et Dr Philippe Lauwick, médecin agréé et président de l'Automobile Club Médical de France.
- Peut-on conduire après 80 ans ?
L’âge en soi n’est pas une contre-indication à la conduite. Le sujet âgé adapte très habituellement l’usage de la voiture et son comportement routier en fonction des difficultés qu’il pourrait rencontrer et afin de limiter les risques sur l’usage de la route : conduite en journée, sur des parcours plus courts, et plus rassurants, et surtout des parcours connus.
Les habitudes de conduite influencent la conduite automobile, ainsi conducteur professionnel (même retraité !) se sentira plus à l’aise sur la route qu’un conducteur occasionnel.
Le sujet âgé a en général plus d’expérience, mais peut se sentir plus vite en difficulté en cas d’imprévu.
Même si le vieillissement est hétérogène, il peut altérer, même légèrement, les capacités sensorielles, motrices et cognitives, qui toutes, sont essentielles à l’activité de conduite.
Il est donc important que les personnes adaptent leurs comportements et habitudes de conduite en fonction de ces changements. Et pour cela, la personne doit aussi estimer de façon correcte ses propres capacités. Au moindre doute, il faut solliciter l’avis de son médecin qui pourra orienter si besoin son patient conducteur.
- Est ce le vieillissement en soi ou les pathologies qui empêchent de conduire ?
Plusieurs pathologies, ou plutôt des symptômes, sont repris au sein d’un arrêté relatif à l’aptitude médicale à la conduite, pouvant entraîner l’arrêt de la conduite ou l’aménagement du permis de conduire, depuis de nombreuses années. En mars dernier une réactualisation de cet arrêté a été publiée. Certaines pathologies ou symptômes contre indiquent la conduite définitivement, d’autres temporairement. Les professionnels de santé engagés dans le parcours de soin d’un patient le conseillent, mais seul un médecin agréé par la préfecture peut rendre un avis « officiel » sur l’aptitude médicale à la conduite.
Certaines pathologies sont plus délicates à évaluer et donc sujettes à discussion que d'autres. C'est notamment le cas des pathologies qui s'accompagnent de déficits cognitifs qui s'aggravent avec le temps.
- Quand doit-on arrêter de conduire et comment pose-t-on le diagnostic ?
Dans plus de 85% des cas, la personne arrête spontanément de conduire surtout si elle se sent en difficulté. Cette situation survient surtout chez les femmes âgées parfois prématurément : certains arrêts de conduite ne se justifient pas par un problème médical mais par le ressenti du conducteur (veuvage, suite hospitalisation, déménagement…). Cet arrêt de conduite peut les mettre dans des situations de dépendance vis-à-vis de leur entourage, sauf à vivre dans des territoires desservis par les transports en commun. Ainsi un couple, vivant en zone rurale ou semi urbaine dont la femme ne conduit plus et dont l’époux conducteur est dans l’obligation de s’arrêter, ne peut plus se déplacer de façon autonome, ce qui peut obliger à un déménagement. Néanmoins, certaines situations rares ou la conduite est manifestement dangereuse existent et nécessitent leur prise en compte par les professionnels de santé.
Il n'est pas facile de déterminer le moment de l'arrêt de la conduite sur des seuls critères observables en consultation. On constate qu'en population générale, les femmes cessent de conduire en moyenne à 79 ans et les hommes à 82 ans (données de la cohorte 3C Inserm).
Il s'agit d'une décision parfois lourde de conséquences en termes de perte d'autonomie, de risque d'isolement social, ou encore de dépression.
L'arrêt est exceptionnellement urgent, doit être anticipé, concerté en équipe pluridisciplinaire avec si besoin un test de conduite pour être mieux vécu, pour cela un accompagnement peut aider à mettre en place un nouveau mode de déplacement ou un changement des habitudes de déplacements ou de vie, voire un déménagement.
Les Printanières de la SFGG : un événement à ne pas manquer le 9 mars 2023.
"Peut-on encore conduire après 80 ans ?"
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