Alors que chaque jour offre son lot de révélations sur la complexité et les difficultés d’accès à la vaccination et tandis que trois régions (Île-de-France, Hauts-de-France et Bourgogne-Franche Comté) ont dû interrompre la campagne vaccinale en raison de la pénurie de vaccins, les services hospitaliers se voient contraints de retarder voire d’annuler les rendez-vous des premières vaccinations destinées à des populations pourtant prioritaires. Parmi les soignants en première ligne de cette crise, les gériatres tiennent à témoigner de leur réalité.

 

 

Les 8 composantes du Conseil National Professionnel de Gériatrie (*) dénoncent la non priorisation sur le terrain des personnes à risque le plus élevé de développer des formes graves, à savoir les plus de 75 ans les plus fragiles et plus particulièrement les résidents d’EHPAD, de résidences autonomie et les personnes âgées suivies à domicile par un SSIAD ou une HAD.

 

La directive HAS parue le 22 janvier 2021 a recommandé aux centres de vaccination de déprogrammer « l’ensemble des rendez-vous de primo-vaccination prévus jusqu’au 2 février inclus ». Cette directive, rendue nécessaire en raison « de difficultés d’approvisionnement en vaccins Pfizer » et pour « garantir l’administration de la seconde injection pour toutes les personnes ayant déjà reçu la première dose en janvier » n’est pourtant pas suivie dans la réalité. Ainsi, « la crainte des gériatres est que des primo-vaccinés âgés fragiles ne soient pas au rendez-vous de la seconde dose [1] ».

Par ailleurs cette recommandation rappelle que la stratégie de priorisation consiste à « réserver les 1ères doses aux + de 75 ans et aux 65-74 ans polymorbides ». Ainsi, les gériatres déplorent que la priorisation politique qu’ils saluent unanimement ne se traduise pas sur le terrain au niveau logistique ».

 

            « Toutes les flambées épidémiques que nous connaissons actuellement sont dues à notre incapacité à privilégier la vaccination auprès des populations cibles comme cela a été décidé politiquement. Par un tel comportement, nous sacrifions les résidents d’EHPAD et des résidences autonomies ». En effet près de 1,5 million de doses leur ont été « confisquées » et moins d’un tiers des patients à risque ont ainsi été vaccinés à ce jour en France.

Pour conclure, les gériatres dénoncent encore et toujours l’âgisme de notre société (discrimination liée à l’âge) et appellent à "une solidarité nationale" envers les personnes prioritaires qui ont plus que jamais besoin d’être protégées « d’autant que les nouveaux variants provoquant une épidémie dans l’épidémie seront plus meurtriers ». Et d’ajouter « Nous ne sortirons pas de cette crise sanitaire et de cette épidémie tant que la campagne vaccinale ne se déploiera pas de la façon dont elle a été décidée par le gouvernement ».

Enfin, pour plus de transparence et afin d’apaiser les esprits, les gériatres demandent une publication hebdomadaire du taux de couverture vaccinale des 75 ans et plus.

 

 

Le Conseil National Professionnel (CNP) de Gériatrie fédère les 8 composantes nationales de la gériatrie française : Le Collège National des Enseignants de Gériatrie (CNEG), – La Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG), – Le Syndicat National de Gérontologie Clinique (SNGC), – L’association des jeunes gériatres (AJG), – L’association Nationale des Médecins Coordonnateurs et du secteur médico-social (MCOOR), – La Fédération Française des Associations de Médecins Coordonnateurs d’EHPAD (FFAMCO) – Le Syndicat CSMF des médecins coordonnateurs en EHPAD (SMCG-CSMF) et l’Association Nationale des Gériatres et Gérontologues Libéraux (ANGGEL).

 

Allez plus loin :
- Lire les autres communiqués de presse
- Lire l'avis de la HAS « Modification du schéma vaccinal contre le SARS-COV-2 dans le nouveau contexte épidémique »