Le président de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie, SFGG, le Pr. Olivier Guérin, partage les premiers enseignements de la crise covid et la
nécessité de reconnaître le nécessaire professionnalisme de toute la chaîne du prendre soin, avec des primes pour tous. Dans l'attente des décrets, la SFGG reste prudente mais son président, par ailleurs élu local de la ville de Nice, sait à quel point tous les professionnels de la filière sont importants : des différentes
formes de domiciles au service sanitaire aigu.
Décloisonner la filière
La crise du covid-19 a mis en lumière ce que l’on savait d’un crépuscule d’un monde sanitaire non structuré vers l'intérêt de filières et de logique de parcours pour tous les âges, estime le Pr Guérin.
Nous espérons que cette crise aboutira à une refonte des réseaux et des relations ville/hôpital, avec une tarification totalement révisée à savoir la fin de la tarification à l’acte pour la médecine de ville et de la T2A pour l'hôpital.
La gériatrie est une spécialité à affirmer
La crise a aussi mis en évidence le rôle d'expertise de l’hôpital au regard des DAC (dispositifs d'appui à la coordination) pilotés par les ARS sous-dotés, voire absents. Sur les 350 "hotline covid" orchestrées par la SFGG, 4/5e étaient issues des hôpitaux, précise le président de la SFGG. La gériatrie est une réelle spécialité qu'il va falloir affirmer et partager.
Les limites du modèle Ehpad
Accueillir ensemble des personnes désorientées, aux troubles du comportement plus ou moins sévères, avec des besoins de déambulation, avec des personnes plus conscientes et autonomes a posé de grandes difficultés pour éviter la contamination des uns par les autres, la cohabitation des uns avec les autres, le confinement des uns et des autres avec les limites éthiques pointées par la SFGG.
Le modèle est questionné vers notamment des plus petites unités, à taille humaine, aux activités motivantes, accompagnés de personnels formés aux approches gériatriques et gérontologiques ajustées.
Des questionnements qui émanent aussi des familles, avec plusieurs plaintes déposées contre des établissements par des familles endeuillées et une enquête ouverte par le parquet en Ile-de-France ; et des collectivités, à l'image de ces élus départementaux ligériens qui demandent à Emmanuel Macron le transfert de la responsabilité pleine et entière des Ehpad aux Départements.
Le 8 mai, les résidents d'Ehpad comptaient pour la moitié des victimes du covid-19. Reste que 98% de nos résidents sont bien vivants, temporise la Fnaqpa, qui souligne dans une note publiée le 5 mai que "la France n’est pas un cas isolé, un pays qui aurait abandonné ses vieux dans des établissements indignes entourés d’une soi-disant omerta".
Article publié avec l'aimable autorisation d'Annie de Vivie.
Source : www.agevillagepro.com