Le 1er octobre 2018, Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé lançait une vaste concertation nationale « Grand âge et autonomie » qui s’est achevée en février 2019.  10 ateliers nationaux, 5 forums régionaux, une consultation citoyenne ayant recueilli plus de 1,7 million de votes pour 414 000 participants, 100 rencontres bilatérales et des groupes d’expression de personnes âgées, professionnels et aidants : « la concertation Grand âge et autonomie qui vient d’avoir lieu s’est traduite par des contributions très riches et convergentes de la part de tous les acteurs. Ce rapport en est la traduction la plus fidèle possible », explique Dominique Libault, pilote de la concertation Grand âge.

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La SFGG, un acteur important de la consultation

Plusieurs membres de la SFGG ont participé activement à cette concertation nationale qui réunissait différents acteurs du vieillissement, médecins et non-médecins : Bruno Vellas, Président du Comité Scientifique, Nathalie Salles et Claude Jeandel, membres du comité ainsi qu’Achille Tchalla et Gilles Berrut participants de l’atelier « Prévention et bien vieillir » piloté par Jean-Pierre Aquino, Délégué général de la SFGG.

Bruno Vellas qui a pris la parole pendant la conférence de presse l’a rappelé : « Vieillir en santé c’est continuer à faire ce qui est important pour chacun d’entre nous, continuer à être ce qu’on est au fond de soi, le droit de vieillir en santé » (O.M.S).

« Ce rapport est très intéressant » a-t-il ajouté, « mais la difficulté va être de le mettre en place. Je pense que la SFGG doit avoir un rôle important dans sa mise en œuvre, notamment pour prendre un leadership et faire en sorte que toutes les actions déjà réalisables avec les moyens que nous avons puissent se mener rapidement. C’est à nous, gériatres, de montrer la voie. Au gouvernement ensuite de nous aider ».

Il s’agit par exemple de déplacer la médecine gériatrique en mettant en place des actions de prévention et des programme d’éducation pour les séniors afin qu’ils puissent devenir acteurs de leur santé. « Souvent on attend que les personnes âgées soient dépendantes pour faire à leur place. Désormais il faut les aider à continuer à faire et ne plus substituer à elles en leur montrant toutes les fonctions qu’elles peuvent récupérer par les activités, la nutrition et les aides à domicile. »

 

 

"L’Infirmière de Pratique avancée en Gérontologie (IPAG)" inscrit dans les mesures du rapport Libault

Son inscription dans les préconisations du rapport Libault était une priorité pour la SFGG : le rapport en a fait mention - Il s’agit de « promouvoir le métier d’infirmière en pratique avancée (IPA) en gériatrie ». C’est une immense satisfaction.

« Les infirmières en pratiques avancée sont des infirmières au service d’une population, les personnes âgées, et pas seulement de leurs organes ! Ces IPaG apportent leur plus-value à tous les niveaux du parcours de soin d’une personne âgée (domicile, ambulatoire, équipe mobile, structures hospitalières en particulier non gériatriques, ou les établissements médico sociaux). » explique Sylvie Bonin-Guillaume, gériatre à l’APMH de Marseille et directrice du Master de la faculté de médecine de la Timone.

 

Aller plus loin 

Lire l’article : « Pourquoi l’intervention de l’Infirmière en pratique avancée en Gérontologie est cruciale ? »

Lire l’article : « L ‘infirmière de pratique avancée en équipe mobile de gériatrie » (Revue de Gériatrie)

 

 

Le Rapport Libault : les idées phares (10 propositions et 8 grandes propositions)

10 propositions :

  1. La création d’un guichet unique pour les personnes âgées et les aidants dans chaque département, avec la mise en place des Maisons des aînés et des aidants
  2. Un plan national pour les métiers du grand âge permettant notamment d’agir à la fois sur une hausse des effectifs, une transformation des modes de management, la prévention des risques professionnels, la montée en compétences à travers une politique de formation ambitieuse, le développement de perspectives de carrière en faveur de l’attractivité des métiers du grand âge et d’une meilleure structuration de la filière
  3. Un soutien financier de 550 millions d’euros pour les services d’aide et d’accompagnement à domicile, afin d’améliorer le service rendu à la personne âgée et de revaloriser les salaires des professionnels
  4. Une hausse de 25 % du taux d’encadrement en Ehpad d’ici 2024 par rapport à 2015, soit 80 000 postes supplémentaires auprès de la personne âgée, pour une dépense supplémentaire de 1,2 milliard d’euros
  5. Un plan de rénovation de 3 milliards d’euros sur 10 ans pour les Ehpad et les résidences autonomie
  6. Améliorer la qualité de l’accompagnement et amorcer une restructuration de l’offre, en y consacrant 300 millions d’euros par an, vers une plus forte intégration entre domicile et établissement, pour des Ehpad plus ouverts sur leur territoire
  7. Une baisse du reste à charge mensuel de 300 € en établissement pour les personnes modestes gagnant entre 1000 et 1600 € par mois
  8. Une mobilisation nationale pour la prévention de la perte d’autonomie, avec la sensibilisation de l’ensemble des professionnels et la mise en place de rendez-vous de prévention pour les publics fragiles
  9. L’indemnisation du congé de proche aidant et la négociation obligatoire dans les branches professionnelles pour mieux concilier sa vie professionnelle avec le rôle de proche aidant
  10. La mobilisation renforcée du service civique et, demain, du service national universel, pour rompre l’isolement des personnes âgées et favoriser les liens intergénérationnels

 

 8 priorités :

Priorité 1 : investir dans l’attractivité des métiers du grand âge, à domicile comme en établissement

Priorité 2 : pouvoir choisir librement de rester à son domicile. Pour que cette liberté soit effective, un certain nombre d’obstacles au maintien à domicile doivent être levés.

Priorité 3 : piloter pour et par la qualité. La liberté de choix n’a de sens que si des prestations sont offertes à sa décision. L’amélioration de la qualité du service rendu à la personne âgée en tout point du territoire pour tout type de prise en charge est l’axe névralgique des réformes à venir.

Priorité 4 : mettre fin aux réponses en silos dans le parcours de la personne âgée pour simplifier la vie des aidants et des aidés La spécificité de la personne âgée réside dans la grande diversité de ses besoins, qui font appel à des interventions multiples qui doivent être coordonnées : soin, actes d’hygiène, accompagnement dans les actes de la vie quotidienne, lien social, besoin de prises en charge expertes à domicile, en établissement ou à l’hôpital…

Priorité 5 : une nouvelle offre pour concrétiser le libre choix de la personne. L’ensemble de l’offre doit évoluer vers une approche plus attentive aux besoins des personnes et sortir d’une approche binaire avec le cloisonnement entre Ehpad et domicile pour proposer une gamme de solutions intermédiaires, mieux articulées entre elles.

Priorité 6 : reste à charge en établissement : faire baisser la contribution des personnes modestes. Aujourd’hui, les restes à charge sont élevés en établissement. La participation financière des résidents, une fois versées les différentes allocations et les contributions des obligés alimentaires, est estimée à un peu moins de 1 850 euros par mois pour la moitié d’entre eux. Une action ciblée est proposée en direction des familles modestes.

Priorité 7 : lutter contre l’isolement de la personne âgée et des aidants. On ne peut concevoir une action forte en faveur des personnes âgées sans s’engager fermement auprès des proches aidants, dont le rôle est essentiel. L’intervention de la collectivité est nécessaire pour reconnaître et mieux soutenir les aidants. Parallèlement et pour favoriser la présence non-professionnelle auprès de la personne, le bénévolat et la présence de jeunes auprès des personnes âgées doivent être développés.

Priorité 8 : augmenter l’espérance de vie en bonne santé en renforçant la prévention. Aujourd’hui, en France et dans d’autres pays, les stratégies précoces de prévention ont des effets tout à fait positifs, qu’il s’agisse du maintien de l’autonomie physiologique ou cognitive. Il s’agit là d’un motif d’espoir, porteur d’une ambition nouvelle. Il est indispensable que notre pays investisse fortement ce champ et franchisse un cap nouveau pour une stratégie globale de prévention de la perte d’autonomie.

 

Les chiffres clés « Grand âge et autonomie »

 

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