« En France, comme en Europe, les discriminations âgistes sont constatées et avérées », affirme dans ce rapport commandé par le Premier ministre la députée Audrey Dufeu-Schubert, qui dénonce un « fléau » comparable au «sexisme et au racisme».
Pour ne « plus stigmatiser les personnes par leur âge » et « revoir les comportements et représentations péjoratives », l'élue formule au total 86 propositions.
Interview d'Audrey Dufeu-Schubert
- Qu'est-ce qui vous a le plus surpris lors de la préparation de votre rapport ?
Quand j’ai commencé mes investigations, ce qui m’a le plus frappée, quand j’ai échangé avec les personnes âgées, c’est la non-conscientisation de la situation, c'est-à-dire que les personnes âgées de prime abord n’avaient pas conscience des discriminations dont elles étaient les victimes, tant elles sont ancrées et communément admises. Or, pour lutter contre une discrimination, il faut que les personnes elles-mêmes dénoncent des faits.
Je pense que pour faire avancer la cause il va falloir redonner une place à la parole. On ne se pose pas beaucoup la question de ce que pensent les personnes âgées et c'est important de le faire.
- Comment envisagez-vous le suivi de vos préconisations ?
Dans les annexes du rapport, il y a un tableau qui reprend toutes mes propositions (ci-dessous). J’ai essayé de classer les propositions selon plusieurs critères : leur faisabilité à court, moyen ou long terme, leurs coûts, leur géographie (local, national) et par Ministère (Santé et Solidarités, Culture, Travail, Éducation, etc.). Ce tableau est devenu un guide de travail pour continuer d’aller convaincre les ministères. J'ai bon espoir que mes propositions puissent s’intégrer dans la loi Autonomie. La volonté du gouvernement est en tous les cas de s’approprier ce rapport.
De grands axes seront priorisés, mais tout ne sera pas législatif.
- Est-ce que vous pensez que la société est prête à accepter de telles propositions ?
Oui. J’ai l’impression qu’il se passe quelque chose. Je mets cela en perspective avec "l'Ehpad bashing" qui a été très délétère l'année dernière. Les gens ont pris conscience de cette discrimination qui touche les personnes âgées, je le crois sincèrement. Aujourd'hui, cinq générations cohabitent dans notre société, le regard s’est ouvert. Tout le monde a près de chez soi ou dans son entourage une personne concernée par cette situation de grand âge. Les gens se sentent ouverts à ce changement.
- Qu'est-ce que, déjà, chacun peut faire à son petit niveau pour changer la situation ?
Il y a trois niveaux : le niveau sociétal, l'entourage élargi et le niveau individuel.
Au niveau individuel, il faut que chacun s’interroge sur la perception de son propre vieillissement ; cela changera forcément le regard que l'on portera sur les autres. Le rejet est lié à ce déni personnel de son propre vieillissement. Il faut intégrer la notion de mort dans notre vieillissement. Je crois que cela fait partie de son chemin de vie.
Ensuite, à la veille de Noël, la petite action c’est, déjà, avoir une attention pour un voisin, un proche, dans une situation d’isolement social.
Allez plus loin :
- Lire la tribune de la SFGG "Nous sommes tous le vieux de quelqu'un"
- Annexes du rapport
- Consultez le rapport Libault
- Consulter le rapport d'Audrey Dufeu-Schubert "Réussir la transition démographique et lutter contre l'âgisme"