Table ronde vaccinations des personnes âgées avec la participation des Pr Odile Launay, Dr Daniel Lévy-Bruhl, Pr Bruno Lina, Dr Jacques Gaillat, Dr Odile Reynaud Lévy, réalisée avec le soutien institutionnel des laboratoires GSK et Sanofi Pasteur.

Immunosénescence : Un mythe ou une réalité ? Entre 45 et 50 ans, on note une diminution progressive de l’immunité innée, mais aussi de l’immunité adaptative auxquelles s’ajoutent des modifications de la barrière cutanée, du microbiote, et des facteurs génétiques associés. Il en résulte pour les personnes âgées une moins bonne réponse à de nouveaux agents anti-infectieux. Ces modifications immunitaires expliquent une diminution habituelle de la réponse vaccinale.

Si l’âge est un critère, il est insuffisant comme explication de la diminution de l’immunité, car d’autres facteurs encore mal individualisés entrent en ligne de compte ; il existe ainsi une grande hétérogénéité de la réponse vaccinale à un âge donné et aucun biomarqueur mesurant cette compétence immunité n’est actuellement disponible.

La grippe demeure une maladie grave. Le virus H3N2 présente une évolution génétique complexe avec trois lignages distincts qui circulent et qui posent problème pour la vaccination. Aussi pour être efficace, il faut une excellente adaptation du vaccin contre le virus circulant. La mise à disposition de vaccin quadrivalent est particulièrement efficace chez les personnes âgées et cette année l’arrivée du vaccin haute dose plus efficace devrait être privilégié pour nos populations âgées. Au global la balance bénéfice/risque est tout à fait favorable, car la vaccination antigrippale réduit le risque de mortalité de 35 %. La couverture vaccinale en communautaire est en augmentation (+8%) mais reste trop faible alors qu’en EHPAD, les taux sont souvent supérieurs à 90% pour la vaccination des résidents. La vaccination des soignants rencontre elle, encore des réticences en particulier chez les paramédicaux. En contexte de pandémie COVID l’évolution légèrement favorable chez les sujets âgés et les professionnels l’année dernière devrait être maintenue pendant plusieurs années si l’on veut atteindre des objectifs corrects.

Le pneumocoque. Dans la population âgée, trois tueurs sont bien identifiés : le COVID, la grippe et le pneumocoque. À  partir de 65 ans, on note une augmentation importante des infections à pneumocoques. La vaccination est rendue complexe car l’indication est basée sur le patient à haut risque et non sur l’âge et par le schéma vaccinal en deux temps : 1 injection 13 valences, puis 23 valences à huit semaines après afin d’élargir le spectre. La couverture vaccinale n’est pas surveillée de façon nationale et les enquêtes ponctuelles rapportent des taux <30% le plus souvent même en EHPAD où la très grande majorité des patients devraient être vaccinés.

Le zona. L’intérêt de ce vaccin est d’éviter les algies post-zostériennes souvent particulièrement intenses. Le vaccin actuellement disponible en France pour les 65 -75 ans est peu utilisé par manque d’information des professionnels (couverture vaccinale estimée à 2%) alors qu’il est largement répandu en Grande-Bretagne (couverture vaccinale 60%). Un vaccin adjuvanté particulièrement plus efficace dans les populations les plus âgées (> 75 ans) est disponible dans certains pays mais ne sera pas disponible en France avant quelques années.

Covid 19. L’utilisation de l’ARN messager dans la fabrication de ce vaccin est un progrès très important avec une efficacité précoce de 63 % lors de la première dose et de 90 % après la seconde injection, ce qui en fait un excellent vaccin même chez les plus âgés. Le vaccin ARN messager se heurterait donc moins à l’immunosénescence.

Les professionnels de santé doivent se faire vacciner pour eux-mêmes, mais aussi pour protéger leurs patients. Les interactions entre patients et professionnels sont régulières toute la journée. Tout le monde rencontre tout le monde… et au final c’est le patient qui a le plus de contacts. Ainsi concernant la grippe ce sont bien les soignants qui introduisent le virus dans les services.

De façon générale, il faut saisir l’actuelle pandémie et la grande efficacité des vaccins anti-COVID pour promouvoir une nouvelle politique vaccinale proactive basée sur la surveillance des maladies à prévention vaccinale, de la mesure de l’efficacité/tolérance des vaccins, de l’instauration d’un carnet vaccinal et d’une pédagogie tournée à la fois vers les citoyens et les professionnels.

 

Allez plus loin : 
- Consultez le "Vaccin anti-grippe Efluelda : les recommandations de la SFGG"
- Lire le compte-rendu de la Journée Scientifique de la SFGG : session "Éthique et COVID-19"
- Lire le compte-rendu de la remise du Prix Chaffoteaux en ouverture de la Journée Scientifique
- Lire le compte-rendu de la Journée Scientifique de la SFGG : session oncogériatrie