Le Congrès européen EUGMS s'est tenu à Reykjavik du 24 au 26 septembre 2025.
À cette occasion, la SFGG a donné l'opportunité à 3 jeunes gériatres, Éloïse Francq, Cylia Didier et Mathilde Falières, via une bourse dédiée, de participer à ce congrès.
Voici leur compte-rendu par écrit et par WhatsApp des posters, des symposiums et des sessions qui ont attiré leur attention.
Merci à elles pour ces précieux retours d'expérience.

 

Par Mathilde Falières
Session « conduite chez le sujet âgé »

Les sujets âgés sont soumis à des inégalité sociales et culturelles qui conditionnent leur santé et qui ont tendance à s’accentuer avec l’âge.
Parmi ces disparités, le concept de précarité de transport est un problème émergent qui n’est pas clairement défini et reste relativement ignoré.
Si le danger potentiel que constituent les conducteurs âgé est bien décrit dans la littérature, les études longitudinales sur les modes de transport de cette population sont très rares.
Il serait intéressant d’étudier plutôt les conséquences de l’absence de conduite : augmentation de la dépression, des comorbidités, des besoins en soins médicaux …
Une des façons d’évaluer la précarité de transport est de mesurer l’espace de vie disponible pour une personne : jusqu’à l’étranger ? Le centre ville ? Le jardin ? La chambre ?
La diminution de cet espace de vie est corrélée à une dégradation majeure de la qualité de vie et la fragilité sociale.

Desmond O’Neil propose 5 outils pour faire face à cette précarité des transports :

  • Ne pas restreindre le possibilités de déplacement des patients âgés
  • Ils n’ont en général pas d’antécédent de mauvaise conduite, ont moins souvent des accidents même s’il sont plus souvent mortels du fait de leur fragilité, leur capacité à conduire ne peut pas etre évaluée dans un bureau médical
  • Il faut développer un cadre clinique pour évaluer leur capacité à conduire, éventuellement les diriger vers des évaluations en conditions réelles et développer des alternatives de transport Prévois juste le plaisir d’être indépendant et en contrôle
  • Comprendre la complexité de leurs besoins de transport. Au delà des besoins primaires utilitaires (faire ses courses, rdv médicaux), le transport peut permettre de répondre à des besoins secondaires affectifs (se sentir indépendant) ou même tertiaires esthétiques (profiter du paysage)
  • Considérer comment le transport affecte nos patients, le service et l’environnement. Nous pouvons travailler sur l’architecture des structures de soin afin de faciliter l’accès aux patients âgés fragiles et/déments.
  • Étudier la définition de la précarité de transport de façon pertinent pour les sujets âgés. Les mêmes solutions ne peuvent être proposées aux sujets jeunes qu’aux sujets âgés puisque la précarité peut se défini différemment pour ces deux populations. Les voitures autonomes par exemple, ne semblent pas être une solution adaptée aux patients âgés puisque cela ne règle pas la problématique du trajet chambre → voiture et voiture → hôpital.
  • Initier les nouvelles générations de gériatres à la problématique de la précarité du transport

 

 

Des plans nationaux pour une meilleure prise en charge des sujets âgés comme catalyseur de la promotion gériatrique

La Hongrie fait partie des pays dont la gériatrie est une nouvelle spécialité médicale. Ils ont adopté une stratégie nationale pour 2009 à 2034 visant à éliminer les inégalités régionales en s’adaptant aux besoins locaux. Leurs initiatives ont permis la création de services à la personne courant la livraison de repas, l’aide humaine à domicile, les accueils de jours, des aides financières au logement ainsi qu’à l’achat de médicaments, la création de services aigus gériatriques, d’équipes mobiles mais également de cliniques spécialisées extra hospitalières.

Ils ont réussi à fournir à tous les patients âgés hongrois un unique bracelet électronique de détection de chute et d’appel aux secours.

En Turquie, les autorités ont implémenté un ambitieux programme national visant à attribuer à chaque personne âgée de 80 ans une équipe multidisciplinaire rattachée à un hôpital de proximité. Une fois le matching effectué, chaque patient reçoit la visite au domicile d’un médecin formé à l’évaluation gériatrique standardisée, une infirmière, un ergothérapeute, un kiné et un orthophoniste. L’objectif est de cibler les sujets âgés à la limite entre fitness et fragilité afin de leur offrir une prise en charge spécialisée et adaptée, entièrement pris en charge par la sécurité sociale. Les premiers résultats sont prometteurs puisque depuis la mise en place de ce programme, le nombre d’appels pour une hospitalisation en urgence a été diminué. Malgré des difficultés évidente en termes de manque de personnel et de temps, le gouvernement semble réactif en allouant des fonds pour recruter plus d’intervenants et en mettant de nouvelles solutions en place telle que des téléconsultations.

En France, le bilan est plus critique. Notre système de santé est performant en termes de prise en charge des pathologies aiguës mais reste déficient pour les affections chroniques. Le résultat ? Une franche discordance entre une espérance de vie élevée mais une durée de vie en bonne santé médiocre. Tous les programmes nationaux ne sont pas égaux. Si le programme Alzheimer puis Maladies Neurovégétatives peut être considéré comme un succès, le programme contre les chutes du sujet âgé n’est pas concluant. Pour expliquer ces disparités nous pouvons citer l’absence d’objectifs et de modalités d’évaluation clairs, la sous représentation d’experts scientifiques lors de l’élaboration du plan ainsi que l’insuffisance du budget alloué.

Le bilan commun est le suivant : afin de promouvoir la gériatrie via des plan de santé performants, il faut savoir communiquer dans le langage économique tout en restant cohérent sur le plan scientifique, apporter des objectifs clairs, et parfois savoir jouer sur la corde sensible.

 

Génétique de la longévité et des pathologies chroniques 

Comprendre la diversité des êtres humains, c’est comprendre la diversité des génomes, des phénotypes et leur association.
Le séquençage génétique a fait un bond remarquable durant les dernières décennies et il maintenant possible de séquencer un génome entier dans dans des délais records et à moindre coût.

Le programme de CODE s’est attelé à séquencer le génome entier de 5,3 millions de personnes. L’objectif est d’identifier les nombreuses associations entre traits phénotypiques et caractéristiques génomiques afin de stratifier le risque de mortalité. Le score de risque polygénique constitue ainsi une prédiction du risque selon la combinaison de multiples gènes courants.
Les facteurs génétiques font partie des principaux facteurs identifiés Comme affectant la durée de vie et la durée de vie en bonne santé.

D’un point de vue génomique, plusieurs variants de gènes ont été identifiés comme affectant la durée de vie via des pathologies précises (APOE dans la maladie d’Alzheimer, BRCA 2 dans le cancer du sein …).
Cependant aucun gène n’a été identifié comme un marqueur de longévité. C’est plutôt le manque de variants associé avec des pathologies mortelles qui semblerait marquer la longévité.

La génomique est parfois étroitement corrélée à l’environnement et ces deux aspects ne doivent pas être considérés comme opposés. C’est le cas de certains variants de séquences qui prédisposent au tabagisme ainsi qu’aux pathologies associés. La génétique influence donc la façon dont nous répondons à notre environnement et aussi la tendance qu’on a rechercher ou éviter un certain environnement.
Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, la génétique a permis de développer des outils thérapeutiques novateurs. La découverte d’une mutation de la protéine APP a suscité de grand espoirs via un inhibiteur de la bêta sécrétase de l’APP. Les résultats cliniques n’était toutefois pas au rendez vous.

Plus tard, la découverte d’une mutation R47H dans le gène TREM 2 a relancé de nouvelles perspectives thérapeutiques. Ça a été le début du lancement de traitement visant à augmenter l’activité TREM 2 c’est à dire la voie d’activation de survie de la microglie. Il s’agit des nouveaux triaitements par LECANEMAB et DONANEMAB actuellement mis sur le marché américain.

Dernièrement, la protéomique semble offrir de nombreuses promesses. L’analyse des protéines exprimées à un temps t dans l’organisme offre de nouvelles perspectives. Concernant le vieillissement, il semblerait que la majorité des niveau plasmatiques en protéines soit affecté par l’âge et l’IMC;

Tout comme pour les gènes, certaines protéines sont des prédicateurs de mortalité tout cause confondue et certaines sont corrélées à al durée de vie. A partir de la protémoqie, des modèles de prédiction de la mortalité pourraient être plus précis que ceux basés sur l’âge et le sexe seuls.

Par Éloïse Francq
Symposium sur la réhabilitation à domicile

Au cours de cette session, ont été présenté des revues systématiques de la littérature avec plus de 40 articles et plus de 3000 patients qui mettaient en évidence que la rééducation gériatrique à domicile était au moins aussi efficace que la rééducation en SMR sur les fonctions motrices, les réadmissions hospitalières et la qualité de vie tout en permettant une durée d’hospitalisation initiale plus courte. De plus, il a été présenté que la rééducation à domicile était alignée avec plusieurs objectifs : la prise en compte des désirs des patients, la diminution des coûts de santé, la satisfaction des professionnels de santé et l’implication des aidants. Ce système était cependant associé à une moindre équité puisqu’il mettait en avant les disparités entre les patients.

Symposium sur la nutrition des patients âgés : de la complexité clinique à la réponse d’urgence

Pr Rocco Barazzoni a présenté un état des lieux des défis de la prise en charge nutritionnelle des patients âgés atteints de maladie rénale chronique. Il préconisait une prise en charge personnalisée selon la sévérité de l’atteinte rénale. Si les patients étaient atteints d’une maladie rénale instable avec une progression rapide, la mise en place d’un régime hypoprotidique à 0,6-0,8 g/kg/jour s’entendait chez un patient âgé malgré le risque de perte de masse musculaire à condition de maintenir des apports caloriques suffisants. À l’inverse, chez des patients avec une maladie rénale chronique peu sévère et stable, l’importance première était d’assurer des apports nutritionnels suffisants. De même, la prise en charge de l’obésité pouvait se discuter même chez les patients âgés atteints de maladie rénale chronique puisqu’elle permettait en population générale de diminuer la protéinurie, d’améliorer la fonction rénale et de diminuer le risque d’évènement cardiovasculaire (première cause de mortalité des patients âgés).

Symposium sponsorisé : prise en charge nutritionnelle rapide du patient fragile

Dans une première partie, Pr Landi a présenté l’anorexie associée au vieillissement comme un syndrome gériatrique fréquemment sous-diagnostiqué. Cette anorexie associée au vieillissement serait physiologique du vieillissement et pourrait donc être présente chez des sujets âgés en dehors de toute situation pathologique. Ces conséquences pourraient être nombreuses et notamment, chez les patients fragiles hospitalisés, elle serait fortement corrélée à la survenue d’une dénutrition ou d’une sarcopénie.

Émergence diagnostique en trouble neurocognitif du sujet âgé

Au cours de cette session, Pr Cynthia Carlsson a fait un état des lieux des différents biomarqueurs des maladies neurocognitives et notamment de la maladie d’Alzheimer. Elle présente ensuite les nouveaux traitements de la MA et notamment le Lecanemab qui permet la réduction des dépôts amyloïdes et une diminution du déclin cognitif. Enfin, les étiologies multiples de troubles neurocognitifs sont évoquées et notamment une étude de 2017 de Kapasi et al. sur des données anatomopathologiques de patients atteints de troubles neurocognitifs qui retrouvaient comme atteinte la plus fréquente (47% des cas) une atteinte triple avec des lésions de maladie d’Alzheimer, d’atteinte vasculaire et d’un autre trouble cognitif.

Projet AFFIRMO : multimorbidité et polymédication du patient âgé atteint de FA

À l’issu d’une étude épidémiologique de grande échelle avec plus de 10 pays européens impliqués, les patients âgés atteints de fibrillation atriale ont été classifiés en 7 groupes : aspécifique, métabolique, musculosquelettique, cardiovasculaire, maladie oculaire, neuropsychiatrique, complexe. En prenant le groupe aspécifique comme référence, certains d autres groupes étaient associés à une morbi-mortalité plus importante (groupes complexe et neuropsychologique) alors que d’autres semblaient avoir un meilleur pronostic (groupes métabolique et musculosquelettique). Un essai clinique contrôlé et randomisé était d’ailleurs en cours sur ce projet (résultats en 2026).

Défis et avancés en nutrition du sujet âgé : dénutrition, déshydratation et obésité sarcopénique

La première partie était un état des lieux après 5 ans d’utilisation de la définition de la dénutrition selon le groupe d’expert du GLIM. Cette définition a été cité dans plus de 3300 articles dont 700 portaient spécifiquement sur son étude spécifique. Ces données ont permis de confirmer sa validité diagnostique et son rôle pronostique. Les deux points qui ont nécessité d’être précisé étaient les méthodes de mesure de la masse musculaire et notamment l’autorisation d’utilisation de la circonférence du mollet mais aussi la définition de l’inflammation comme étiologie à la dénutrition.
Dans une seconde partie, a été abordée la déshydratation du sujet âgé et notamment l’absence de consensus clair du terme déshydratation qui peut désigner le déficit hydrique comme sodé. Après un rappel des définitions de la déshydratation, la présentation s’est focalisée sur la meilleure méthode diagnostique de la déshydratation intracellulaire donc le déficit hydrique chez le sujet âgé. En effet, la mesure de l’osmolalité est rarement faite en pratique et les signes cliniques (pli cutané, cernes…) ou les dosages urinaires ne sont pas validés en population âgée. L’outil proposé était le calcul de l’osmolarité plasmatique selon la formule de Khajuria Krahn où l’osmolarité = 1,86 x (Na+K) + 1,15 x glucose + urée + 14 (tout en mmol/l).

Enfin, nous avons revu les différents facteurs de risque de déshydratation intracellulaire du sujet âgé : diminution des récepteurs de la soif, trouble cognitif, diminution de la masse musculaire, peu d’intérêt des soignants, diminution des capacités de dilution urinaire, diabète, iatrogénie et notamment diurétiques, incontinence ou dépendance ne permettant pas au patient de se rendre seul aux toilettes.

 

 

 

Différents aspects de la fragilité

Au cours de la première présentation de cette session, Kenneth Rockwood nous a présenté un nouvel outil de dépistage de la fragilité basé sur les résultats de laboratoire des patients : FI-lab.
Ils étudient actuellement 2 versions : la première FI-lab chronic basée sur les résultats biologiques issues des données hospitalières dans l’année précédant l’évènement aigu étudié.
Une seconde version FI-lab acute basée sur les résultats biologiques de la veille et du lendemain de l’hospitalisation. Les études sont encore en cours mais ont a priori permis de valider leur valeur pronostique.
Dans la seconde présentation, Anastassia Kossioni nous présente le concept de « fragilité orale ». Tout d’abord, les pathologies de la sphère buccale sont les pathologies les plus fréquentes dans le monde : 3,7 milliards de personnes souffrent d’une pathologie orale (caries, gingivopathie, édentation, cancer oral). Elles touchent particulièrement les personnes aux revenus les plus faibles, les plus isolées ou les plus dépendantes. Dans une méta-analyse récente, le nombre de dents dans la cavité buccale a été décrit comme associé à la mortalité globale, la fragilité physique, la dépendance fonctionnelle, la qualité de vie, les hospitalisations et les chutes. Il est important de noter toutefois que ces données sont en majorité issues d’études menées en Asie et notamment au Japon. Il n’y a pas de définition standardisée de la fragilité orale à l’heure actuelle mais son lien fort avec les évènements de santé chez les patients âgés et dépendants devrait faire discuter l’ajout de l’évaluation bucco- dentaire à l’évaluation gériatrique standardisée.

EAMA Workshop : dilemmes éthiques en population gériatrique

Présentation de différents dilemmes éthiques en gériatrie :

  • quand dialyser ou ne pas dialyser un patient âgé ?
  • Quand initier une nutrition entérale ?
  • Quand mettre en place une ventilation mécanique ?

Après une présentation courte sur chacun de ces trois thèmes et une présentation rapide des grands principes de l’éthique (principisme), nous avons formé des groupes et discuté de la prise en soin de cas en rapport avec ces thèmes.

Lifetime achievement award

Après avoir reçu le Lifetime achievement award, le professeur Jean-Pierre Michel est revenu sur l’ensemble de sa carrière en se focalisant particulièrement sur un thème important dans son parcours : l’amélioration de la santé globale des patients âgés par l’éducation tout au long de la vie. En effet, il a présenté dans une méta-analyse de 96 articles que le niveau d’éducation plus faible était associé à des nombreuses conséquences néfastes et notamment la mortalité toute cause, le nombre d’hospitalisation et le nombre de passage aux urgences. Ce niveau d’éducation plus faible était également associé à plus de difficulté à interpréter les messages de prévention et à une moins bonne appréciation de son état de santé. Dans d’autres études, on retrouvait chez les gens ayant un niveau d’éducation plus faible des comportements à risques plus fréquentes (tabac, alcool, drogue) et, une fois arrivé à un âge gériatrique, une vitesse de marche au 400 mètres plus faible que chez les gens ayant un niveau d’éducation plus élevé.

ESPEN symposium

Une présentation sur l’étude multicentrique contrôlée randomisée APPETITE qui étudie l’effet d’une prise en charge diététique et d’une activité physique chez des patients âgés. La prise en charge diététique consiste en un ajout de fibres et protéines végétales. L’activité physique en une classe bihebdomadaire. La compliance aux interventions étaient excellentes (respectivement 85% et 90%). Il n’y avait pas d’effet de la prise en charge diététique seule. Mais la prise en charge d’activité physique permettait une majoration de la force musculaire et une diminution de la masse grasse. Conjointe à la prise en charge diététique, elle permettait une majoration des apports alimentaires et une amélioration de l’appétit.
Enfin, Marjolein Visser a présenté un auto-questionnaire de 23 items pour étudier la sensibilisation des patients âgés à la dénutrition avec des questions sur la représentation de la perte de poids et de masse musculaire chez les patients âgés. Étonnement, alors que 70% des personnes interrogés répondaient que la perte de poids induisait une perte de masse musculaire, plus de 70% des sujets âgés interrogés considéraient qu’il était normal de perdre du poids avec l’avancée en âge et que la perte de poids chez un patient âgé en surpoids ou obèse était favorable pour sa santé.

 

Par Cylia Didier
Symposium conjoint de l'IAGG sur la solitude, par Dr AARTSEN Marja (Norvège), Dr DAHLBERG Lena (Suède) et Dr BONIN-GUILLAUME Sylvie (France)

 

L’IAGG et l’EuGMS se sont unis pour un symposium sur la solitude des personnes âgées avec trois buts : promouvoir les besoins de santé et les services de soins pour qu’ils soient aux besoins globaux de cette population âgée, mettre en avant aux politiciens et aux leaders européens l’importance des connaissances et compétences des spécialistes en gériatrie, ainsi que promouvoir pour les professionnels de santé d’être en phase avec l’âge avec leur approche et leur compétence lorsqu’ils travaillent avec des personnes âgées.
La solitude est un sujet qui touche tous les pays avec une majorité en Grèce (62%) puis Israël (48%) et Italie, pour l’année 2005. La France est à un taux de solitude de 45% pour cette même année. Des études ont émis l’hypothèse de « loneliness epidemic » devant une majoration de ce phénomène de solitude touchant plusieurs générations au sein de notre société, davantage les âges extrêmes avec les jeunes et les personnes âgées.
Il est bien souligné la différence entre « être seul » et la solitude : le premier est un choix et un bon sentiment, soit tous l’inverse du second avec une perte de contact avec les autres personnes qui est plus faible et/ou de qualité moins importante que souhaitée. Cela va par ailleurs entrainer des problèmes de santé de manière générale avec une aggravation des principaux syndromes gériatriques avec une atteinte des fonctions cognitives, une malnutrition, des chutes, une polymédication et la dépression. Au niveau de la santé mentale, il est démontré une baisse de la qualité de sommeil et une augmentation de la consommation de psychotropes (benzodiazépines et antidépresseurs en majorité) devant des symptômes dépressifs plus marqués.
Cette solitude est due à plusieurs facteurs dont certains ont été identifié. Les plus important à retenir sont le fait de vivre seul, l’inactivité sur les réseaux sociaux et l’inactivité sociale. Devant la connectivité en évolution, un nouveau concept a été présenté, celui du « loneliness paradox » devant la présence d’une connectivité avec d’autres personnes avec les réseaux sociaux mais la persistance tout de même d’un sentiment de solitude par manque de contact physique.
Pour lutter contre cette solitude de nos ainés, il est important de les inclure dans les différentes communautés avec principalement de l’aide des voisins mais également des familles aidantes à leur cotés. Ces derniers peuvent également être touchés par la solitude comme l’a démontré Dr DAHLBERG dans son étude SCOPING avec des résultats préliminaires mettant en avant des facteurs favorisant comme le fait d’être une femme d’un certain âge et d’avoir des fragilités psychologiques.

Différents facteurs protecteurs ont été identifiés avec une amélioration des conditions de vie, de l’intégration sociale, ainsi que de l’écoute des attentes de chacun comme nous l’a bien montré Dr Bonin-Guillaume.
Il est donc important de faire en sorte de rééquilibrer la balance entre les relations sociales que nos ainés ont et celles qui souhaitent avoir, afin de limiter le sentiment de solitude et son impact sur leur santé. Il faut donc travailler sur les facteurs individuels (santé, relations sociales, vivre seul), les facteurs liés au voisinage avec principalement le coté sociales des personnes qui peuvent entourer nos ainés dans leur domicile ou en maison de retraite et les facteurs liés à la structure d'une société ou la culture d'une société. Il reste encore beaucoup de travail afin de vaincre ce fléau, auquel nous sommes tous confrontés avec nos parents et grands-parents.
Cela est donc une problématique que l’on peut tous combattre à toutes échelles.

Dé-prescription des thérapeutiques cardiovasculaires et du diabète chez les adultes âgés : étude de mise en œuvre en prévention primaire en Hollande avec Dr Petra DENIG

 

En Hollande, il existe déjà des recommandations de dé-prescription chez les patients âgés et fragiles ayant une polymédication, avec comme principal but de diminuer la charge médicamenteuse avec une importance sur la personnalisation et l’explication à chaque patient.
Malheureusement, il existe des réticences à cela, potentiellement dus à un manque d’information, de confiance et/ou de recommandations pour le mettre en œuvre mais également une connaissance incertaine sur les bénéfices/risque à arrêter ou pas des thérapeutiques, etc.
Pour améliorer cela, l’étude DISCARD a été initiée pour mettre en place des recommandations de dé-prescription pour aider les prescripteurs mais aussi les pharmaciens à savoir quelle thérapeutique peut potentiellement être arrêtée dans le cadre des patients ayant un diabète de type 2 sous sulfamides ou insuline avec haut risque d’hypoglycémie. Cette étude a permis de montrer qu’il y avait une approche différente selon les patients avec une adaptation de la dé-prescription. Il y a également un manque d’information des soignants motivant à mettre en place d’avantage de formation.

Une autre étude CO DEPRESCRIBE a été initiée chez les patients de plus de 75 ans avec poly médication qui a permis de mettre en évidence des entrainements pour aider à la dé-prescription, à retrouver sur leur protocole.
Les résultats de l’étude ne sont pas encore donnés, avec des résultats prévus en 2026 sur plus de 300 patients.

Une dernière étude est également réalisée chez les patients diabétiques de type 2 de plus de 70ans afin de mieux adapter le taux de glucose dans le sang, c’est l’étude Hybrid Omed-2. Cette dernière permet de mettre en évidence 65 patients pouvant bénéficier de dé-prescription avec 55 au niveau des sulfamides ou de l’insuline, mais malheureusement 22 ont dus reprendre leur traitement devant une augmentation du taux de glycémie. Cela met donc en évidence l’importance d’une désescalade progressive. Il est également nécessaire que le praticien informe le patient de la décision d’arrêter ou non les thérapeutiques en expliquant bien l’intérêt tout en faisant en sorte d’avoir l’accord du patient. Dans ce cadre-là, il est important d’avoir un suivi régulier avec le praticien spécialisé dans le domaine, ici en diabétologie. Pour le moment, l’étude reste encore en cours avec des résultats prochainement. L’étude complète peut être consultée sur https://hoornstudies.com/omed2-study/.
Pour conclure, la dé-prescription est une bonne idée mais n’est pas encore possible dans tous les domaines et reste quelque chose de sélectif en fonction des patients. Il est également noté l’importance d’avoir des recommandations de dé-prescription devant une crainte de sous-traiter nos patients. Il sera donc possible par la suite de l’intégrer dans nos routines lors des consultations avec nos patients. Il serait également intéressant que nos pharmaciens soient informés de cela et qu’ils aient également des outils pour aider à ce projet. Dans tout cela, il reste important d’intégrer le patient afin qu’il comprenne nos décisions et qu’il soit en accord avec cette prise en charge en expliquant les bénéfices et les risques à l’arrêt ou à la poursuite des thérapeutiques.

 

« Troubles cognitifs légers et WW Fingers » avec Dr Francesca MANGIALASCHE

Devant l’augmentation du nombre de patient avec des troubles neurocognitifs, estimé à 150 millions en 2050, il est devenu de plus en plus nécessaire de mettre en place des moyens de prévention de la maladie neurodégénérative.
La WW Fingers mettent en avant une approche multi-domaine devant l’interaction de nombreux facteurs de risque ainsi que la présence de la génétique.
L’étude FINGERS est une étude comprenant 20.000 personnes avec un recrutement international avec des résultats les plus complets en Amérique du Nord et du Sud, en Europe et en Asie. Il est alors comparé sur une étude interventionnelle les mesures habituelles mise en place dans le cadre dans la cadre des troubles neurocognitifs versus l’approche multi-domaine qui comprend la nutrition, l’exercice physique, les entrainements cérébraux, les interactions sociales et plus.
Les résultats ont permis de mettre en évidence des bénéfices principalement au niveau du risque cardiovasculaire avec une baisse de 60% de ces maladies, y compris une baisse de 50% du risque d’infarctus.
Ces résultats ont été objectivés avec un suivi moyen de 11ans avec un bon suivi de ce mode de vie par les patients. Ce dernier est le principal point négatif de cette étude avec un adhérence qui reste difficile à avoir.
La motivation de la personne âgée est le principal moteur de la réussite à l’adhérence à ce mode de vie qui reste tout de même contraignant pour certaines personnes qui n’ont pas été initié auparavant à vivre comme cela.
Toutefois, de nombreuses études dans d’autres pays dont les USA ont montré les mêmes résultats avec une amélioration sur le déclin cognitif. Également sur la génétique, une amélioration serait notée sur une étude de 2018 sans pour autant être significative.
Ce qui est important à retenir, c’est la nécessité d’avoir un patient motivé à adhérer à ce mode de vie en expliquant les effets bénéfiques qu’il peut avoir sur beaucoup de point. Il est également recommandé de mettre en place des thérapies combinées entre les thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses comprenant le mode de vie, qui pourrait être mis en place dans les centres mémoires afin de garder un suivi et potentiellement des rappels sur les modes de vie à avoir, tout en essayant d’évaluer la motivation du patient et si besoin lui réitérer les bénéfices de ce mode de vie.
FINGER à mis en place une boite à outils avec tous les points clés et une aide pour faire comprendre aux patients ces bénéfices. Vous pouvez les retrouver sur cette adresse ainsi que des informations supplémentaire sur l’étude et le modèle FINGERS .

 

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