Le 14 septembre 2020, nous étions une soixantaine de sociétés savantes, fédérations, institutions travaillant dans le champ du vieillissement dans le monde à dénoncer les discriminations envers les personnes âgées sous le hashtag #OldLivesMatter. À l’initiative de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) ce mouvement visait à mettre au grand jour les discriminations parfois silencieuses (parce que malheureusement banales) mais très courantes dont souffrent les personnes âgées.
Un an après #OldLivesMatter et 5 mois après le Rapport mondial sur l’âgisme (ONU) qui rappelait « qu’une personne sur deux aurait des attitudes âgistes », où en est-on de l’âgisme ?
La campagne #OldLivesMatter
Diabolisées en raison de leur âge (« elles ne sont plus utiles à la société »), stigmatisées pour la charge qu’elles représentent (« c’est à cause d’elles qu’on a été confiné pendant le COVID-19 »), les personnes âgées paient quotidiennement un lourd tribut à cette épidémie et plus largement à leur vieillissement. Faut-il rappeler que « la vieillesse reste pour l’instant ce que l’on a trouvé de mieux pour ne pas mourir » (Guy Bedos) ?
Le 14 septembre 2020, un communiqué de presse « #OldLivesMatter, une campagne mondiale de lutte contre l’âgisme » ainsi que 3 vidéos créées par la SFGG et le réalisateur Jean-Paul Lilienfeld étaient diffusés dans le monde entier pour sensibiliser et alerter sur ce sujet.
Rappelons que l’âgisme a des conséquences négatives (voire désastreuses) sur la santé physique et mentale des personnes âgées et leur qualité de vie et qu’il coûte chaque année des milliards de dollars aux sociétés. Les personnes âgées ayant une vision négative du vieillissement sont et se déclarent être en moins bonne santé physique dans les années qui suivent (jusqu’à 28 ans après), s’engagent moins dans des comportements de prévention (faire du sport, manger sainement, arrêter de fumer, etc.), développent plus de problèmes cardiovasculaires et ont une espérance de vie moindre (environ 7,5 années) que des personnes du même âge ayant une perception positive du vieillissement (source : Étude de Becca Levy).
Une tribune signée par la SFGG "Nous sommes tous le vieux de quelqu’un" et un "Manifeste pour le Droit des Personnes Âgées"
En 2019 déjà la SFGG dénonçait dans une tribune les discriminations dont sont victimes les personnes âgées. Les gériatres et gérontologues s’occupant du soin des patients âgés, ils sont de ce fait des témoins et observateurs directs et quotidiens de cet âgisme qui ne cesse d’augmenter chaque année. Les membres de la SFGG avaient rédigé cette tribune comme un cri du cœur pour sensibiliser l’opinion publique à cette dérive grave. « Voici quelques exemples d’âgisme, discrimination la plus courante, la plus ancrée dans la société et la seule qui ne soit jamais réprimée. Plus que les définitions ces quelques exemples nous montre son étendue, et parfois sa violence. La liste est longue et non exhaustive. Car elle est partout. Dans les médias, dans les hôpitaux, dans les entreprises, dans les publicités. Discrimination insidieuse qui gangrène notre société. Discrimination assassine qui tue à petits feux ceux qui en sont les victimes. »
3 ans après, nous ne modifierions aucun mot de ce que nous avions écrit.
Pour lire la tribune dans son intégralité, cliquez ici.
Le Rapport Olivier Guérin / Claude Jeandel
Vieillir n’est pas un crime.
Et adapter, améliorer et optimiser les soins des personnes âgées est une façon, déjà, très concrète de lutter contre l’âgisme dans le système hospitalier et médical.
Non la perte d’autonomie et la maladie ne sont pas une fatalité. Non la vieillesse n’est pas un lent naufrage. Nous avons les réponses pour vieillir en bonne santé pour les uns et pour vieillir dans les meilleures conditions malgré la maladie pour les autres. Il faut maintenant s’en donner les moyens.
C’est pourquoi en juillet 2021, les Pr Olivier Guérin et Claude Jeandel, respectivement Président de la SFGG et Président du Conseil National de Gériatrie (CNP) ont rendu le rapport « 25 recommandations pour une prise en soins adaptée des patients et des résidents » (Rapport de mission USLD et EHPAD). Ces recommandations s’appuient sur l’analyse précise, jusque-là non réalisée, des besoins des résidents tenant compte à la fois de leurs états pathologiques et de leurs profils de soins requis. Cette étude minutieuse rend compte d’une évolution très significative au cours des 10 dernières années de la typologie des résidents, ces derniers se caractérisant par des profils médicaux plus nombreux et plus sévères, et corrélativement par une perte d’indépendance plus marquée. L’enjeu assorti à ces recommandations est de procéder aux adaptations nécessaires afin que tout résident puisse bénéficier des réponses médicales et soignantes à la fois les plus personnalisées, les plus efficientes et les plus complètes.
La philosophie de ce rapport dépasse le soin ; cela permet plus de vie en établissement.
Les membres de la SFGG témoignent de l’âgisme
« Banal », « courant », « mon quotidien ». Les témoignages, nombreux, des professionnels de la gériatrie et la gérontologie sont sans appel : l’âgisme continue sa progression de façon insidieuse. Ces exemples d’âgisme qui montreront combien le phénomène est répandu. Pire, il tue à petits feux ceux qui en sont les victimes.
La pandémie de COVID-19 a d’ailleurs exacerbé ces discriminations au point que dans certains cas, l’âge a été utilisé comme seul critère pour déterminer l’accès aux soins médicaux et aux traitements d’importance vitale.
Voici quelques témoignages de situations d'âgisme ordinaires, vécus et relatés par certains membres de la SFGG et qui illustrent l'étendue de sa pratique.
Allez plus loin :
- Visionnez les vidéos "OldLivesMatter"
- Consultez les autres communiqués de presse de la SFGG