Les bénéfices de l’activité physique et sportive pour de nombreuses affections chroniques sont maintenant bien démontrés scientifiquement en prévention. La Commission médicale au Comité National Olympique (CNOSF), en partenariat avec VIDAL, a publié l’édition 2020 du « Médicosport-santé ».
Présentation de l’outil « Médicosport-Santé » et entretien avec Bertrand Fougère, professeur de Gériatrie au CHU de Tours et Frédéric Chorin, docteur en STAPS – Biomécanique au CHU de Nice, tous deux en charge du chapitre « Activités Physiques et Sportives et Avancée en Âge » pour le CNOSF.

 

« Médicosport-Santé », un outil d’aide à la prescription d’activité sportive pour les professionnels de santé

 

À l'origine du MédicoSport-Santé (MSS), il y a la volonté du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) de promouvoir le sport-santé et l'activité physique et sportive (APS), ainsi que d'accompagner la reconnaissance de l'APS comme une thérapeutique non médicamenteuse par la loi de Santé publique du 26 janvier 2016 (confirmant l'avis de la HAS dans son rapport de 2011).
Pour y parvenir, la Commission médicale du CNOSF, sous la coordination de son président, le Dr Alain Calmat, a demandé dès 2011 à toutes les fédérations sportives de créer des Comités Sport-Santé et de formaliser leur offre en matière d'APS et d'Activité physique adaptée (APA).
Le « MédicoSport-Santé » est conçu pour permettre aux médecins de prescrire une activité physique et sportive adaptée à leurs patients, dans une optique de prévention.

De nouvelles pathologies et de nouvelles fédérations sportives

L'édition 2020 prend en compte de nouvelles pathologies : maladies respiratoires, fibromyalgie et maladie de Parkinson. De nouvelles fédérations sportives ont également contribué à cette édition 2020 telles que la Fédération française des études et sports sous-marins (FFESSM), Fédération française du Kick boxing, Muaythaï et disciplines associées (FFKMDA). En tout, 50 fédérations sportives ont contribué à cette base de données.

Les éléments fournis par les fédérations ont été utilisés pour nourrir une base de données structurée, permettant ainsi des requêtes spécifiques (par exemple selon les bénéfices et les contre-indications de la discipline, l'objectif de prévention ou thérapeutique recherché, les adaptations propres à une pathologie, etc.).
Cette mise en base de données permet également un croisement entre l'offre en APS/APA et l'état de santé particulier d'un patient et ses préférences. Cette base de données structurée est intégrée dans les outils numériques du groupe VIDAL afin qu'elle puisse servir aux praticiens qui souhaitent prescrire une activité physique et sportive.

 

 

 

L’activité physique chez les sujets âgés

L’activité physique et sportive peut permettre de diminuer voire retarder les effets de l’avancée en âge et augmenter l’espérance de vie sans incapacité.
Entretien avec le professeur Bertrand Fougère et le docteur Frédéric Chorin.

 

Pourquoi favoriser l’activité physique chez le sujet âgé ? 

Comme disent les anglo-saxons, une fonction s’use quand on ne s’en sert pas : « Use it or lose it ». La sédentarité́ en est un parfait exemple. La sédentarité est un fléau pour notre santé : et elle ne fait que s’accroitre, en France comme ailleurs. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 60 à 85% des personnes de + de 65 ans ne sont pas suffisamment actifs pour préserver leur santé.
À des degrés divers, cette situation concerne aussi bien les hommes que les femmes et touche toutes les générations. Mais chez la personne âgée, la sédentarité et l’inactivité physique accentuent les effets de l’avancée en âge et augmentent le risque de perte d’autonomie.

Une activité physique régulière et adaptée est associée à une diminution des risques de sarcopénie, une amélioration de l’équilibre et à une diminution du risque de chute. L’activité physique régulière pourrait favoriser l’ostéogenèse, réduire le risque fracturaire et limiter le déclin cognitif. A terme, l’AP semble contribuer à maintenir l’autonomie des personnes âgées. 

La sédentarité, en revanche, pourrait favoriser la déminéralisation osseuse, accroître le risque de fractures ostéoporotiques et accélérer le déclin cognitif.  On peut avancer que plus le niveau de fragilité est important, plus les bénéfices pouvant être retirés de l’activité physique sont grands, tout du moins jusqu’au stade de pré-fragilité. 

 

Quelles sont les recommandations concernant la sédentarité ?

Les repères proposés pour les adultes concernant les comportements sédentaires s’appliquent aux personnes âgées de plus de 65 ans.
Quel que soit le contexte (travail, transport, domestique, loisirs), il est recommandé : 

  • de réduire le temps total quotidien passé en position assise, autant que faire se peut ; 
  • d’interrompre les périodes prolongées passées en position assise ou allongée, au moins toutes les 90 à 120 min, par une AP de type marche de quelques minutes (3 à 5), accompagné de mouvements de mobilisation musculaire. 

 De façon générale, on notera que l’âge ne doit pas être considéré comme un facteur limitant, l’adoption d’un mode de vie actif peut se faire à tout âge. 

 

Quelles sont les recommandations concernant l’activité physique ?

Il est maintenant bien établi qu’il faut effectuer 30 min d’activité par jour, mais les recommandations pour les personnes âgées sont plus précises que cela et détaillées dans le tableau ci-dessous :

 

Comment adapter ces recommandations si elles sont difficilement atteignables ?

 

Si l’individu est loin d'atteindre 150 mn d'activité physique d'intensité modérée et que cela semble difficilement réalisable, il est possible d’adapter dans un premier temps les recommandations. Pour commencer, il peut être réalisé 10 minutes par jour d'une activité physique d'intensité modérée. Par la suite, il est recommandé d’augmenter la fréquence des périodes de pratique et enfin d’augmenter progressivement l'intensité. Ces recommandations s’appliquent aux adultes de tous âges. Par ailleurs, la diminution des capacités fonctionnelles et le déconditionnement physique chez les personnes âgées impliquent de travailler sur l’ensemble des composantes de la condition physique :

  • Maintien et renforcement de la capacité aérobie,
  • Renforcement de l’endurance et de la force musculaire,
  • Maintien et développement de la souplesse

Les personnes à fort risque de chute ou possédant des limitations fonctionnelles peuvent également bénéficier d’exercices neuro-moteurs spécifiques pour améliorer l’équilibre, l’agilité et le développement de la proprioception en plus des autres composantes.

 

 

 

Allez plus loin :
« Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées», Synthèse, avril 2011

« Promotion, consultation et prescription médicale d'activité physique et sportive pour la santé chez les adultes », septembre 2018
L'édition 2020 du MédicoSport-Santé (en pdf)

Outil digital MedicoSport Santé
Le tutoriel de navigation sur le MédicoSport-Santé au sein des outils VIDAL, CNOSF, 2020

Lien : « Prescription d’activité physique et sportive – les personnes âgées (HAS)