À la suite de l’Assemblée Générale qui s’est tenue ce jour à Paris, le Pr Nathalie Salles a été élue nouvelle Présidente de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) pour 3 ans, succédant au Pr Olivier Guérin.
Professeure des universités et praticien hospitalier en gériatrie au CHU de Bordeaux où elle est Chef Pôle de gérontologie clinique, elle a été Présidente de la Société française de Santé Digitale (2018-2021) et coordonne depuis 2016 le diplôme interuniversitaire de télémédecine à la faculté de Bordeaux auquel participent six facultés françaises. Elle pilote un projet de recherche PREPS intitulé EFFORT sur l’impact de la télémédecine sur le parcours de soins et a publié récemment un livre intitulé « Télémédecine en EHPAD, les clés pour se lancer » (Éditions Le Coudrier).
Voilà un nouveau mandat qui a revêt une importance cruciale dans cette période d’épidémie COVID-19 qui touche particulièrement les personnes âgées ?
Absolument. Et j’ai une pensée particulière pour notre ancien Président Olivier Guérin, qui face à la pandémie COVID, a su faire monter la SFGG sur la première marche du podium des institutions de l’Etat, et inscrire le nom de notre spécialité au conseil scientifique COVID-19, ce qui a permis une promotion de la gériatrie et de la gérontologie ainsi qu’une entrée remarquée de la SFGG sur la scène médiatique.
Je mesure la tâche qui m’est donnée et je mettrai tout en œuvre pour continuer à défendre et à valoriser notre discipline.
Quels sont les défis que vous souhaitez relever durant votre mandat ?
L’un des enjeux prioritaires pour moi est de continuer à tout faire pour que la parole des gériatres, des gérontologues, et des séniors reste déconfinée afin de continuer à porter haut et fort tous nos messages.
Il y a en effet plusieurs défis qui me tiennent particulièrement à cœur que je souhaiterai relever :
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Le 1er défi est de valoriser notre discipline pour qu’elle soit reconnue à l’identique des autres spécialités médicales d’organe. Il nous faut poursuivre nos efforts pour offrir aux jeunes spécialistes engagés en gériatrie et en gérontologie, toutes les ressources nécessaires pour leur formation en proximité avec le CNEG, leur activité de recherche et leur carrière. Cela sera une des priorités pour moi durant mon mandat et je m’engage à me battre comme mes prédécesseurs à les soutenir financièrement pour qu’ils puissent mener leur activité recherche et partager leurs travaux avec les équipes en France, en Europe et à l’international où nous sommes maintenant bien identifiés.
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Le 2e défi est de renforcer l’approche intégrée, systémique et unifiée de la gériatrie et de la gérontologie. On pourrait presque parler de vision « one health » ou « une seule santé ». Car notre force est d’être à la fois transdisciplinaire (avec les sciences de la santé, les sciences humaines et sociales, les sciences de l’environnement et de l’habitat, les sciences économiques, l’éthique, l’épidémiologie, les sciences juridiques, etc.) et pluri professionnel de par l’intégration de tous les métiers de la santé. Les gérontopoles sont un très bon exemple de mise en pratique de notre approche sociétale et de nos visions croisées sur les questions du vieillissement. Ces forces et ces atouts que nous portons au sein de notre discipline doivent nous permettent aujourd’hui d’élargir le débat sur le vieillissement au-delà de la dépendance et pour en faire un débat éthique, sociétal et transversal. Il me paraît important de ne pas rater ce rendez-vous pour pouvoir offrir aux jeunes toutes les clés pour réussir et pourquoi pas rêver et créer un jour un véritable institut du vieillissement ?
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Le 3e défi sera de porter haut et fort nos messages sur les métiers de la gériatrie et de la gérontologie, dont les messages issus de notre manifeste en 15 mesures. Il est urgent d’adapter les métiers du soin et le nombre de professionnels aux enjeux de l’avancée en âge et de promouvoir les nouveaux métiers IPA en gériatrie, assistants en soins gérontologiques mais également accroitre le nombre de gériatres. Il y a un besoin de personnel qualifié au service de nos ainés, et il en manque. Aujourd’hui, les signaux tenant au malaise croissant des professionnels sont au rouge, et nous faisons face au manque criant de personnels soignants et aux difficultés de recrutement. Face à ces enjeux cruciaux, se pose la question de ce que la société est prête à investir. Ce message devra être partagé avec les candidats à la présidentielle.
L’âgisme, cette discrimination liée à l’âge qui touche les personnes âgées est un de vos grands combats ?
Le combat contre l’âgisme sous toutes ses formes fait partie de notre ADN et de celui de tous les gériatres et gérontologues. Il nous faut poursuivre l’engagement porté par la SFGG dans la défense des droits des adultes âgés (campagne #OldLivesMatter, « Manifeste pour le droit des personnes âgées », et toutes les actions fondamentales que nous avons portées). Il nous faut poursuivre la lutte contre tous les âgismes, notamment l’âgisme sanitaire, mis à mal par la crise COVID mais également aujourd’hui par la crise sans précédent que vit la santé, l’organisation des soins et l’hôpital en France.
Je m’engage à porter ce message avec vous aux candidats à la présidentielle et tout tenter pour que la réforme grand âge autonomie soit remontée au-dessus de la pile des dossiers des prochains ministres pour être portée avec force au début du prochain quinquennat.
Quelle stratégie pensez-vous déployer ?
Pour réussir tous ces défis, je souhaite poursuivre ce qui a été engagé par la SFGG, c’est-à-dire organiser une sorte de Think tank « stratégies de la gériatrie » un peu à l’image de nos cellules de veille COVID hebdomadaires que nous avons réussi à organiser durant la crise COVID. L’idée que je souhaite porter est celle de pouvoir prendre le temps d’échanger ensemble (CNP, CNEG, ODPC, Jeunes gériatres, Collège soignant, Collège des chercheurs) sur les éléments stratégiques de la gériatrie et de la gérontologie et croiser nos visions pour tendre vers notre alignement et être plus lisible. Il me parait également très important de renforcer les liens avec les sociétés filiales et améliorer la lisibilité des groupes de travail de la SFGG.
Le Conseil Scientifique de la SFGG
Pr Sylvie Bonin-Guillaume prend la Vice-Présidence de la SFGG et devient la Présidente du Conseil Scientifique de la SFGG qui a pour vocation d’organiser tous les aspects scientifiques de la société savante, le congrès, les activités pédagogiques et de recherche, la production et la diffusion des bonnes pratiques cliniques et des recommandations auprès des acteurs de santé et des institutions. Elle coordonne l’activité des 24 groupes de travail qui s’intéressent, chacun à des thématiques liés au vieillissement (onco-gériatrie, infectiologie et sujets âgés, etc.)
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