En France, plus de 2 millions de personnes de plus de 60 ans souffrent d’isolement social.
Les plus de 65 ans représenteront un quart de la population en 2040, puis près de 30 % à partir de 2050. Aider un nombre croissant de personnes âgées à « bien vieillir », chez elles, en établissement ou dans des formes innovantes d’habitation, à préserver leur autonomie et leur place dans la société, voilà un défi de taille pour une société qui porte un regard trop souvent négatif sur la vieillesse, et dans laquelle le secteur du grand âge est en souffrance faute d’attractivité.
Le Service Civique Solidarité Seniors (SC2S) est un dispositif unique de solidarité intergénérationnelle. En 3 ans, 10 000 jeunes ont été mobilisés et près de 240 000 personnes âgées ont été accompagnées, individuellement et collectivement, dans toute la France.
Entretien avec Olivier Rit, Responsable du développement au sein de l’association qui déploie ce dispositif.
En quoi consiste ce service civique ?
“Le service civique solidarité seniors (SC2S) est l’un des beaux exemples de l’intergénérationnel en action dans notre pays. Le principe est le suivant : des jeunes volontaires effectuent, pour une période de 6 à 12 mois, une mission d’intérêt général dans des structures publiques, collectivités ou associatives auprès des personnes âgées. Pour permettre l’accès à ces missions, les volontaires perçoivent 619,83 euros par mois (financés à hauteur de 504,98 euros par l’État et de 114,85 euros par les structures d’accueil.”
C’est un service civique pas tout à fait comme les autres…
“Ce service civique est tourné vers la lutte contre l’isolement et l’entretien du lien social avec les personnes âgées.
Ce dispositif a été mis en place à la sortie du COVID, donc conçu il y a un peu plus de 3 ans par différents acteurs institutionnels et de la société civile pour répondre à cette situation d’isolement (les ministères de la Jeunesse des Solidarités, Unis-Cité, Agirc-Arrco, etc.). Il est la réunion de beaucoup d’acteurs étatiques, institutionnels et associatifs et il a été rejoint dès l’origine par Les Petits frères des Pauvres, La Croix Rouge, … Il est ouvert à tous les acteurs de la solidarité intergénérationnelle. Le Service Civique Solidarité Seniors fait aujourd’hui partie des programmes communautaires de l’Agirc-Arrco.
Ce dispositif public mis au service des seniors est au fond un bien commun, en cela qu’il appartient à tous.
Son animation est portée par l’Association Nationale pour le Déploiement du SC2S de façon multidimensionnelle : Les salariés, répartis partout sur le territoire font de la sensibilisation, de la formation, des échanges de pratiques, apportent de l’aide aux des structures, notamment pour le recrutement des jeunes en SC2S. La dimension “formation” est très importante dans cette mission.”
Où peuvent s’effectuer ces missions ?
“Elles peuvent se faire dans les EHPAD, les résidences autonomie, les services d’aides à domicile, CCAS, les bailleurs sociaux, etc. Pour l’ensemble de ces missions, il y a une combinaison de visites individuelles, de contributions à l’animation dans les établissements, d’accompagnement des personnes à domicile pour rejoindre les activités (la dimension “aller vers”, “aller chercher”, créer une relation est très importante).
Avez-vous des remontées du terrain concernant les personnes impliquées ?
“Oui et je suis très impressionné par ces mesures d’impact. Nous avons des informations intéressantes et précises sur l’amélioration de la qualité de vie et du sentiment du bien vivre des personnes âgées qui ont pu reconstruire leur réseau social, réaffirmer leur sentiment d'utilité, modifier leur regard sur la jeunesse (et réciproquement pour les jeunes, leur regard sur le vieillissement). Les jeunes ont également le sentiment d’avoir développé des compétences à cette occasion.
Les jeunes ont également enrichi leurs connaissances du monde professionnel du vieillissement et leur intérêt pour les métiers du grand âge.
Quand on accompagne les jeunes, on sait qu’après ils feront sans doute autre chose mais on se sent investi dans leur projet d’avenir. On aide les jeunes dans leur orientation professionnelle, leur sensibilité et leur pratique dans le monde du vieillissement est donc un intérêt pour les filières des métiers du vieillissement
En 3 ans, environ 10 000 jeunes ont réalisé ces missions et 40% d’entre eux se disent intéressés par cette filière après avoir réalisé leur mission. Cela monte en puissance et c’est très satisfaisant. Cette année, on comptera environ 6600 jeunes. Notre objectif est d’arriver à 10000 jeunes par an. Quant au nombre de bénéficiaires seniors, il est de 180 000 personnes.
On voit bien que le dispositif a à la fois des effets sur les jeunes volontaires et les seniors bénéficiaires et des effets positifs sur les aspects prévention grâce à davantage de contacts et de pédagogie.”
“Un impact positif sur le changement de regard
que se portent deux générations”
Les effets positifs du service civique séniors sont multiples ?
“Oui ! La lutte contre l’âgisme, cette discrimination qui touche les personnes âgées par exemple. L’attractivité des métiers du grand âge, le bien-être et la prévention des personnes âgées aussi. C’est un service civique très concret, très pratique qui est une façon de faire qui correspond bien à la jeune génération d’aujourd’hui et qui semble répondre à leur requête qui est “Ne me dîtes plus les choses, faîtes-les moi vivre”. C’est une génération qui veut découvrir et comprendre en faisant les choses.
Pour notre société, c’est un outil précieux qui est à la disposition de tous les acteurs. Avoir des jeunes qui ont le temps de faire de la convivialité, d’aller vers les gens, de frapper aux portes, de nouer des relations, de toucher les populations les plus éloignées. Souvent les acteurs n’ont plus le temps de le faire et là, c’est une opportunité formidable et un moyen extraordinaire de démultiplier les actions. L’exemple de la fracture numérique est parlant. Les jeunes aident et expliquent comment utiliser la technologie aux seniors. Et cette démarche a un effet immédiat sur le senior qui investit sur de nombreuses possibilités qui sont à sa portée (comment je fais un Whats'App avec ma famille, comment j’envoie un email, etc.).
Si on prend un autre exemple, celui de la prévention, c’est également très utile : les seniors découvrent, grâce aux jeunes, les outils d’autoévaluation de la fragilité et peuvent ainsi s’inscrire dans une démarche de prévention et du bien-vieillir. On voit bien toutes les dimensions d’aller vers et qui sont amenées à continuer à se développer !
Le bilan est extrêmement positif : ce lien intergénérationnel où les volontaires sont à plein temps et s’inscrivent dans le cadre des actions et des projets des structures qui les accueillent, ça potentialise beaucoup de choses.
Comment une structure peut-elle bénéficier de ce dispositif ?
Le Service Civique Solidarité Seniors est présent dans toutes les régions de France métropolitaine, à La Réunion en Martinique et en Guadeloupe. .
Pour connaître le responsable régional et nos partenaires territoriaux, il suffit de se rendre sur cette page : www.sc-solidariteseniors.fr/relais-sc2s
Allez plus loin :
- Consultez le site www.sc-solidariteseniors.fr
- Les relais dans les régions
- Consultez la campagne internationale "OldLivesMatter"
- Consultez les autres actualités de la SFGG
