« La gériatrie, ce n’est pas que s’occuper des personnes âgées dans les Ehpad ou à l’hôpital. C’est aussi une dynamique de recherche très forte, très influente et qui s’exporte au niveau européen et international » explique Sylvie Bonin-Guillaume, gériatre et professeur de gériatrie au CHU de Marseille.
Et pour cause : choisir la spécialité de gériatrie est aujourd’hui un projet bien plus ambitieux et visionnaire qu’il ne l’était auparavant. Pour preuves, l’extraordinaire évolution, modernisation et expertise de la formation dispensée aux jeunes gériatres qui pourront devenir de futurs leaders d'opinion au niveau international.
Le Collège National des Enseignants en Gériatrie (CNEG) : l’ambition d’une formation exigeante et moderne
Le CNEG, qui réunit l'ensemble des universitaires de Gériatrie, a fait de la formation des internes une de ses grandes priorités."Il veille à assurer partout en France un enseignement et une formation de qualité, innovants et motivants, permettant d'une part aux étudiants d'apprendre et de progresser, et d'autre part aux enseignants de détecter au sein des nombreuses possibilités de la Gériatrie, les appétences cliniques, pédagogiques et de recherche de chacun d'entre eux pour l'accompagner au mieux dans son parcours"explique Jacques Boddaert, vice-président du CNEG. Ses membres se sont réunis les 24 et 25 juin dernier pour un séminaire inédit de 2 jours autour de leurs enseignements.
À l’ordre de ces 2 journées, la volonté très forte d’innover, de se renouveler et d’adapter toujours plus le contenu des formations aux réalités des métiers et aux attentes des étudiants. De nouvelles formes d’apprentissage, de nouveaux contenus pédagogiques, des champs de recherche toujours plus vastes pour rendre cette discipline si riche aussi attractive qu’elle le mérite : Comment optimiser les contenus de nos enseignements ? Comment enseigner la complexité des diagnostics ? Comment prendre en compte au mieux les attentes des étudiants ? Quels sont les enjeux de la réforme du 2e cycle, ceux de l’enseignement inversé et de l’évaluation en R2C ? : voici les thèmes et questions sur lesquels ont travaillé les professeurs de gériatrie pendant ce séminaire.
E-learning : le digital, un facilitateur innovant d’apprentissage
Le digital constitue une réelle plus-value pour les formations en santé notamment. Nouvelle forme d’apprentissage, l'e-learning tire son attrait du fait de pouvoir apprendre à son rythme, sur son ordinateur. Pas question de transposer la formation classique (présentielle) en numérique, il faut s’adapter au support informatique et à la plateforme.
"Il faut réfléchir du côté de l’apprenant : comment perçoit-il les choses ? Comment va-t-il consommer la formation ? Toutes ces réponses sont importantes pour concevoir un dispositif adapté, performant mais aussi ludique et attractif. Les technologies évoluent très vite, il est nécessaire de mettre à jour les contenus en fonction : l’idée est de trouver une alternance d’activités pour que l’apprenant soit toujours en éveil (vidéos, quizz, exercices interactifs, etc.)" explique Jérôme Clément, chef de projet digital à la Direction de la formation de la Croix-Rouge française et intervenant au congrès du CNEG.
L’e-learning, un vecteur de modernité et d’attractivité ? « Indéniablement. L’e-learning permet à la fois de former les gens sur cette discipline mais est aussi une marque de modernité dans un dispositif de formation. Si la gériatrie peut paraître pour certains un peu ancienne et dépassée, ce type de formation qui est totalement au goût du jour peut favoriser une vision plus positive de la gériatrie car sur l’enseignement elle est vraiment innovante ».
Pour Benjamin Videlier, interne en gériatrie et Président de l’Association Nationale des Internes de Gériatrie (ANAIG), les atouts de l’e-learning sont nombreux. « Ces plateformes offrent un accès centralisé permettant une formation théorique uniformisée au niveau national avec un accès libre aux vidéos de sa spécialité mais également des autres spécialités. On peut donc se former librement et avoir accès à des cours en fonction de nos besoins ».
Illustration - aperçu de la plateforme d’e-learning
L’EAMA (European Academy for Medicine of Ageing) : une école unique d’excellence au niveau européen
« Unique ». « Exception ». « Phénomène rare ».
L’école EAMA, branche pédagogique de l’EUGMS, est considérée par ceux qui y enseignent et ceux qui y sont inscrits comme une école d’excellence.
Créée en 1995, des gériatres de plusieurs pays européens ont eu pour ambition d’offrir des cours de gériatrie à des personnes intéressées par cette discipline dans des pays où elle n’était pas encore développée (en France par exemple est devenue une spécialité seulement en 2004) avec les objectifs suivants :
- Améliorer les connaissances et compétences en médecine gériatrique pour les jeunes professeurs et les candidats prometteurs pour les futurs enseignants en gériatrie ;
- Adapter les attitudes et les objectifs des futurs leaders d’opinion en médecine gériatrique à travers l’Europe ;
- Établir un réseau entre les médecins responsables des soins aux personnes âgées et ceux chargés de l’instruction des étudiants, ainsi que les médecins généralistes qui s’occupent des personnes âgées ;
- Développer de nouvelles idées pour les programmes de santé gériatrique et harmoniser les pratiques ;
- Stimuler la recherche clinique et épidémiologique en médecine gériatrique communautaire et institutionnelle.
Ce cours d’études intensives réparti sur 2 ans et composé de 4 sessions, s’adresse aux membres du corps professoral des départements de gériatrie et aux professeurs d’université qui envisagent une carrière en gériatrie ou en gérontologie médicale. Le cours peut également être suivi par du personnel académique travaillant dans d’autres domaines impliquant le processus du vieillissement et le soins aux personnes âgées. les 40 étudiants se réunissent en Suisse pour suivre des cours dispensés en anglais par des experts internationaux et sur des thématiques très pointues.
L’un des points forts de ces cours intensifs EAMA réside également dans l’interaction constante entre les étudiants et les experts. D’autre part, les conférenciers invités et les membres du Conseil d’Administration de l’EAMA enseignent par plaisir : ils ne reçoivent pas de compensation financière pour le cours.
Étudiants de l’EAMA français : les futurs leaders de la gériatrie européenne
Depuis sa création, 600 gériatres y ont été formés.
Parmi eux, une soixantaine était français.
Pour la plus grande majorité, ils ont mené une carrière universitaire (PUPH, MCU PH) en gériatrie. « Je suis très fière de ce qu’ils sont devenus. Ils étaient bons et brillants et ils sont devenus très bons et très brillants et gardent toujours plaisir à se retrouver dans des congrès internationaux » confie Sylvie Bonin-Guillaume, représentante depuis une dizaine d’années en France de l’EAMA. « C’est une école très sélective qui permet via son « label qualité » de créer un réseau européen. Il est important de dire aux jeunes internes que la gériatrie ne se limite pas à l’université et son pays. Elle peut s’ouvrir à l’Europe et au reste du monde via des groupes de travail, des groupes d’intérêts spéciaux, des boards de sociétés savantes, etc. »
Pour candidater -les places sont limitées à 40 tous les 2 ans- il faut déjà avoir une activité de recherche orientée sur la personne âgée et vouloir approfondir ses connaissances clinique et recherche. Il faut ensuite obtenir le soutien de l’Université, du CNEG, du CNU et de la SFGG – la SFGG soutient d'ailleurs ces étudiant en leur décernant des bourses qui couvrent la moitié des frais de scolarité.
Aller plus loin :
- Site Internet de l’EAMA
- Présentation du CNEG
- Présentation de l’ANAIG
- devenirgeriatre.org