Suite et fin de ces 39e Journées Annuelles de la SFGG.
La pluie a continué à tomber sur Paris, qu’importe, le Centre de Congrès de l’Hôtel Marriott regorgeait de sessions passionnantes. Pour celles et ceux qui n’y étaient pas, voici une petite séance de rattrapage.

 

            Tristan Cudennec, gériatre à l’Hôpital Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt, a ouvert la session des bonnes pratiques cliniques par un « Quoi de neuf en onco-gériatrie ? ». La réponse : beaucoup d’actualités - de nombreuses études et un outil innovant.

 

1) L’étude Cassiopée.

  • Cette étude observationnelle française s’est intéressée à la place du bevacizumab en première ligne métastatique chez 402 patients âgés de 75 ans et plus porteurs d’un cancer colorectal (CCRm) (pour rappel 42 % des cas incidents de CCRm surviennent après l’âge de 65 ans. Cette population est sous-représentée dans les essais cliniques).
  • Cette étude était prospective, nationale, multicentrique (100 sites d’inclusion) et non interventionnelle. Pouvaient être inclus tous les patients porteurs de CCRm recevant une première ligne de chimiothérapie contenant du bevacizumab, à condition qu’ils n’en aient jamais reçu.
  • Les résultats ont montré que l’efficacité et la tolérance de l’ajout du bevacizumab à la chimiothérapie étaient semblables à ceux de la population générale.

2) L’essai PRODIGE 20, essai de phase II randomisé avait également pour objectif d’évaluer l’efficacité en termes de survie et la tolérance de l’ajout de bévciumab à une chimiothérapie dans le traitement du CCRm.

L’IADL normale était associé à une bonne efficacité et tolérance du traitement.
Le temps médian de survie dans dégradation de la qualité de vie était de 12 mois dans le groupe qui recevait du bévacizumab contre 12,9 mois dans le groupe qui n’en recevait pas.
L’ajout de bévcacizumab à la chimiothérapie n’affecte l’autonomie fonctionnelle du patient ou sa qualité de vie.
Les facteurs prédictifs d’une bonne tolérance et efficacité du traitement étaient un score IADL normal et l’absence de maladie cardio-vasculaire.

 

3) Une étude s’est intéressée à la corrélation éventuelle entre le scare ASA et l’existence de syndromes gériatriques, ainsi qu’à la survie à 6 mois d’un geste chirurgical. Les résultats de cette étude menée auprès de 980 patients âgés de plus de 75 ans montre que le score ASA n’est pas efficace pour identifier les patients qui chutent, ceux qui ont des troubles cognitifs, ceux qui perdent du poids et enfin ceux qui nécessitent un soutien social.

Le score ASA n’était pas corrélé à la mortalité à 6 mois, contrairement aux paramètres altérés de l’évaluation gériatrique.

 

Tristan Cudennec a ensuite rappelé l’existence d’un outil innovant, le « surgical risk calculator » proposé en ligne par le collège américain de chirurgie. « Cet outil qui évalue le risque de morbi-mortalité post-opératoire n’est pas très connu alors qu’il permet d’apporter beaucoup d’informations, notamment grâce à de nouveaux paramètres gériatriques qui, une fois renseignés (nécessité d’aides à domicile, nécessité d’aides pour se déplacer, antécédents de chute, existence de troubles cognitifs, situation palliative), permet de citer les complications majeures qui peuvent survenir dans un contexte chirurgical. »

 

 

Pour finir, Tristan Cudennec a dévoilé les recommandations publiées en 2019 par la Société Francophone d’Onco-gériatrie (SOFOG) concernant les modalités de prise en charge des patients âgés ayant un CCRm: 

  • Pour quels patients âgés atteints de CCRm la chimiothérapie est-elle envisageable, faisable ou réalisable ?
  • Pour quelles personnes âgées peut-on proposer la chimiothérapie ?
  • Pour quelles personnes âgées doit-on envisager de préférence de la mono-chimiothérapie ou une polychimiothéraphie ?
  • Pour quels patients peut-on envisager un traitement anti-angiogénique ou anti-EGFR ?

 

Les interventions gériatriques en oncologie

 

Après la présentation par Rabia Bouhlassass, gériatre au CHU de Nice sur les Interventions Gériatriques ciblées, expérience de la cohorte PACA EST, Philippe Caillet, gériatre en CHU à Paris, a clos cette session en présentant une mise au point sur les interventions gériatriques en oncologie. 

« Il existe une si grande hétérogénéité des cancers qui touchent les personnes âgées et des traitements – la chirurgie, les thérapies ciblées, l’immunothérapie, la chimiothérapie, les traitements focaux – qu’il est difficile d’uniformiser la réflexion autour des interventions. Nous sommes là pour soigner des malades et non des maladies, mais en raison de l’hétérogénéité de la population des personnes âgées, la question du choix des interventions et de leur efficacité est complexe ».

L’avis onco-gériatrique (évaluant la faisabilité des traitements du cancer) est d’autant plus important qu’il permet de mettre en évidence chez les malades âgés de nombreux problèmes qui nécessitent des actions spécifiques d’interventions gériatriques à la fois nombreuses, différentes et multidisciplinaires (kinésithérapie, activité physique, nutritionnelle, psycho-cognitives, etc.)

En 2015 un groupe de réflexion de la SIOG (International Society of Geriatric Oncology) a relevé 439 références et 35 études sur la question des interventions gériatriques dans le champ de l’onco-gériatrie. Cette analyse de la littérature a montré que les interventions gériatriques chez les personnes âgées atteintes de cancer pouvaient permettre d’améliorer l’état fonctionnel, la réalisation du plan de traitement et les paramètres nutritionnel. Toutefois il n’y avait aucune preuve claire de l’efficacité de ces interventions sur la fatigue, la qualité de vie et la survie.

« On se rend compte ainsi qu’il manque des données spécifiques chez les malades âgés atteints de cancer pour évaluer l’impact des interventions ainsi qu’un consensus sur les interventions à mettre en place. Cependant il existe actuellement des publications concernant les actions de préhabilitation et de réhabilitation améliorée après chirurgie qui ont fait la preuve de leur intérêt améliorer les performances fonctionnelles des patients, ainsi que la morbidité et les complications postopératoires » a conclu Philippe Caillet.

 

Le poids de la grippe chez les personnes très âgées 

 

Un peu plus tard vers 15h, du côté du forum il était question « infection », dans le cadre d’une session scientifique intitulée "L'espérance de vie a-t-elle atteint ses limites ?", où l’on apprenait notamment par Jean-Marie Robine, démographe, que l’espérance de vie chez la femme ne progressait plus. Le Pr Gaëtan Gavazzi, gériatre au CHU de Grenoble, s'est intéressé au "poids de la grippe chez les personnes très âgées".
Voici sa présentation :

 

 

Micro-trottoir : quelles ont été vos sessions préférées ?

Ils sont passés au stand de la SFGG, nous les avons alpagués : ont-ils aimé le congrès ? Quelles ont été leurs sessions préférées ? Ils nous ont répondu.

Merci pour votre fidélité à notre congrès.
À l’année prochaine pour fêter, ensemble, la 40e édition des Journées Annuelles de la SFGG qui permettra, comme chaque année de créer des synergies, de partager des résultats des travaux conduits par des professionnels sanitaires et médico-sociaux, par des chercheurs, mais aussi par des groupes de travail thématiques, comités. 

 

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